Mère Malou, la reine de Molokaï, sera inhumée samedi en France
Mère Malou, de son vrai nom Marie-Louise Likuse, est décédée à 60
ans d’une hémorragie cérébrale causée par une chute sur la chaussée
cinq jours plus tôt en sortant d’un bureau de tabac.
Mère Malou, cette icône de la galaxie Molokaï, royaume fantastique et
fantasque du chanteur Papa Wemba, décédée le mercredi 19 mars dernier,
sera inhumée ce samedi 29 mars au cimetière de Pantin dans la région
parisienne. Arrivé de Kinshasa, Papa Wemba a été étroitement associé à
l’organisation des obsèques par la famille de la défunte qui a, par ce
geste, consacré les liens qui unissaient la star de la chanson à cette
dame gratifiée de centaines de dédicaces dans les chansons comme nulle
autre avant. Mère Malou, de son vrai nom Marie-Louise Likuse, est
décédée à 60 ans d’une hémorragie cérébrale causée par une chute sur la
chaussée cinq jours plus tôt en sortant d’un bureau de tabac. Alertés
par des passants témoins de la chute, les secours l’ont amenée à
l’hôpital Gaujon de Clichy La Garenne où les médecins l’ont opérée
après avoir constatée qu’elle était victime d’une hémorragie.
Une opération qui a été suivie du coma dans lequel la défunte est restée pendant cinq jours jusqu’à son décès.
L’accident, l’hospitalisation et l’opération avaient été connus
tardivement de la famille qui avait contacté la police après être
restée environ trois jours sans les nouvelles de Mère Malou qui
appelait quasi quotidiennement un de ses frères qui vit en région
parisienne. Ce sont les recherches lancées par la police, à la demande
de ce frère, que la famille et les amis ont localisé Mère Malou qui
était dans le coma et qui n’a pas pu alors communiquer avec les siens.
Les rumeurs des vœux qu’elle aurait exprimés sur son lit d’hôpital pour
ses obsèques sont, en effet, fantaisistes.
De Tabu Ley à Papa Wemba, sous les projecteurs puis portées aux nues
Les premiers contacts de Mère Malou avec la musique datent d’une
collaboration avec Tabu Ley en tant que danseuse et avec qui elle s’est
produite dans plusieurs pays africains au grand courroux de son père
qui en était même venu aux mains avec le patron de l’orchestre Afrisa
International. La sainte colère paternelle ne fit rien face à
l’éblouissement des projecteurs de la scène qui maintint la jeune
Marie-Louise dans l’univers « féérique » de la musique. Mère Malou
était vouée à la musique sous une forme ou une autre. Elle vécut,
ensuite, de très près la naissance et l’émergence de Zaïko Langa-Langa
et fit même de certains voyages du groupe au Congo Brazzaville.
Quelques années plus tard, quand Papa Wemba réussit une carrière solo
fulgurante et crée son univers de « religion kitendi » autrement
identifiée par la Sape, Mère Malou est au cœur de cette planète à la
fois comme égérie du chanteur-sapeur, mais également comme matrone et
modèle de toutes les midinettes des deux Congo et de l’Angola qui ne
rêvent que d’être dans la lumière comme celle qu’on appelait « Mère
première » comme pour la classer à part, hors catégorie. Un monde à
part brocardé souvent par le commun des Congolais de la diaspora
craignant l’amalgame.
Le restaurant « Fula ngenge » fermé, comme un ultime épisode
Mère Malou adorait le chic et les griffes chères, et essayait de se
donner légalement les moyens de cette coûteuse et dévorante passion.
Elle tenait dans le dix-huitième arrondissement de Paris le café Fula
Ngenge où pour les sapeurs il fallait être vu et flamber afin de se
faire adouber.
C’était une affaire qui forcément marchait jusqu’au jour où un des
habitués impliqué dans une bagarre devant le café insulta des agents de
police. Le café, déjà dans le collimateur pour ce type de
comportements, fut frappé d’une très lourde amende qui la condamna.
Ce coup fatal obligea Mère Malou à quitter, en même temps, son logement
qui se situait dans le même immeuble que le café pour s’installer
ailleurs. C’était il y a un peu plus d’un an. Elle aura laissé
manifestement dans le dix-huitième ses repères et sa rage de vivre.
Une rage de vivre qui lui permit de faire face notamment à une attaque
qui lui causa une paralysie faciale partielle en 1998. Gracile,
toujours furieusement sapée, elle a continué à arpenter, sereine et
presque aérienne, les lieux et scènes qui l’ont vénérée et faite reine
comme pour défier le temps que certains disaient inlassablement qu’il
lui était compté…
Dernière coquetterie de la regrettée, c’est en printemps, saison
symbolisant la jeunesse mais aussi l’élégance et le romantisme des
fleurs naissantes, que sera portée sous terre dans son pays d’adoption
Mère Malou « Madame ya poto ».
Botowamungu Kalome/AEM/MMC