BOTHETI : La justice militaire « dans les cordes »

La justice militaire donne l’impression de se trouver « dans les cordes » sur un ring où elle a plus reçu que donné des coups à ses adversaires que sont les prévenus et témoins entendus jusque-là dans l’affaire de l’assassinat du député provincial Daniel Botethi. La piste Kimbuta-Kamerhe, qui a focalisé l’attention de nos compatriotes pendant plusieurs jours vient d’être abandonnée à la suite des dénégations de Kady et Kassongo, qui ne se reconnaissent ni dans la peau d’ « entremetteur » pour le premier, ni dans celle de « souffleur » pour le second. Il y a surtout la confession de Mwewa qui n’a trouvé mieux que de se confondre en excuses face au présumé commanditaire et bailleur de fonds dans la planification du coup.

Au stade actuel, le tribunal militaire de garnison de Ngaliema se trouve devant un dossier quasiment vide : pas d’exécuteur de Botethi, ni de planificateur, ni de financier. Tout se passe comme si l’ancien vice-président de l’Assemblée Provinciale de la ville de Kinshasa s’était donné lui-même la mort, en se logeant une balle dans la tête.

La justice militaire a-t-elle menée l’instruction telle que souhaitée par le commun des mortels ?

Beaucoup en doutent. Parmi les reproches à sa charge, il y a notamment la latitude laissée aux criminels de tous bords condamnés ou en détention au Centre Pénitencier et de Rééducation de Kinshasa de communiquer, de se présenter devant la barre après avoir tout suivi à travers les médias ou les briefings de leurs proches, de subir des séances de confrontation en « différé ». On déplore aussi l’absence de plusieurs témoins à charge, entre autres la nommée Kapy, qui aurait promis d’expliquer devant le tribunal l’interconnexion existant entre Kady, Mwewa et d’autres membres du peloton d’exécution de Botethi. On cite aussi Christophe, qui aurait conduit auprès de la famille Botethi une mission de réconfort diligentée par le gouverneur Kimbuta.

Le mutisme de la justice militaire face à la Sim de Mwewa, qui logerait des informations compromettantes pour Kady, est fort intriguant. On s’attendait pourtant à ce que cette pièce à conviction vienne à la rescousse de Mwewa lors de son face à face perdu face à Kady. Hélas, elle a été ignorée, ce qui fait penser à certains que cette Sim n’a peut-être jamais existé.
Pourquoi le ministère public n’avait –il pas pris les dispositions nécessaires pour que toutes les personnes impliquées de près ou de loin à l’assassinat de Botethi, comme présumés assassins, commanditaires supposés ou témoins soit à la portée des juges ?

Dès lors, beaucoup de compatriotes s’interrogent sur la véracité des versions livrées par Mwewa, Kady, Kassongo, Edo et autres criminels ayant défilé au Camp Kokolo. Ces animateurs de l’industrie du crime, repris de justice pour la plupart, n’auraient-ils pas monté un scénario en prison pour brouiller toutes les pistes susceptibles de conduire à la vérité ? La justice militaire, à ce stade, semble avoir donné dans le panneau.

Mais si la famille Botethi n’est pas, au finish, fixée sur l’identité du ou des tueurs de son fils ; si Kamerhe et Kimbuta restent dans l’ignorance du manipulateur de Mwewa ; si Roger Nsingi et Motemona ne comprennent pas pourquoi ils avaient été interpellés ; n’est-ce pas que la justice militaire aura préparé là le lit d’un tas de frustrations de nature à générer, plus tard, des situations malheureuses, sinon dramatiques ? Une vie a été supprimée, la crédibilité de deux autorités a été souillée, des innocents vont traîner à vie un passé de criminels ou de commanditaires de sales besognes: serai-ce facile de passer l’éponge sur un tel contentieux ?