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LOSAKO
20 août 2008

Les médecins débraient, les enseignants menacent

hopital_wapindaL’on comptera bientôt des morts dans les hôpitaux que l’on aurait évités. La grève des médecins est effective. Dans 10 jours, c’est la rentrée scolaire. Elle est hypothétique dans la mesure où les enseignants continuent à menacer. L’on attend la réaction du gouvernement.

Le syndicat des médecins a mis sa menace à exécution. Depuis le lundi 18 août, les médecins ont rangé leurs blouses blanches dans des armoires. Ils protestent ainsi contre « l’insouciance du gouvernement à apporter des solutions à leurs revendications ».

Dans un premier temps, il s’agit d’une grève limitée de 14 jours, à reconduire tacitement si le gouvernement n’apporte pas de solutions positives. Peu importe la durée de cette grève. Toujours est-il que dès les premières heures de cet arrêt de travail, nonobstant certaines dispositions prises pour s’occuper des malades dans un état grave, les effets se font sentir.

Quelques malades ont déserté les hôpitaux, et dans les prochaines heures, il ne serait pas surprenant de compter des morts. Des morts que l’on aurait pu éviter. Tout simplement parce qu’il ne s’agit point d’un fait nouveau. L’année passée et au début de cette année, les médecins avaient débrayé. Ils avaient ensuite suspendu leur grève en promettant de la reprendre si leurs revendications ne sont pas prises en considération. La menace vient d’être mise à exécution.

Réagissant à cette grève, le ministre de la Santé appelle au dialogue. « Je souhaite que les partenaires sociaux du secteur de la Santé puissent développer vis-à-vis du gouvernement un degré de confiance qui permette de réaliser les convergences pour lesquelles ils se battent », a-t-il dit. Le ministre d’ajouter : «des progrès ont été accomplis par la satisfaction de certaines réclamations. Notamment le paiement d’arriérés des primes, la décision de combler le manque à gagner sur les salaires des professionnels des médias…» Le deuxième point à accomplir et qui est en cours est la transposition des grades actuels en utilisant la nomenclature du statut. Or, à en croire le syndicat des médecins, ces points n’ont pas trouvé satisfaction. C’est-à-dire que les primes n’ont pas été relevées, pas de primes des risques pour les médecins et ceux nouvellement engagés ne sont pas encore mécanisés.

Marche_kinshasa_11juillet2006Et comme toujours, le ministre évoque l’état des finances publiques et les efforts déployés par le gouvernement pour atteindre le point d’achèvement afin d’accéder au programme PPTE. (Sic).

Arguments fondés ou pas, c’est qu’il n’y a jamais eu un point d’accord sur les revendications posées par les médecins ? Qu’ils aient décidé d’aller en grève, ce n’est pas par mauvaise foi, mais pour une raison juste. Mieux, ils n’avaient nullement caché leurs intentions de débrayer à une date précise. Pourquoi appeler au dialogue après coup ? La force d’un gouvernement réside dans sa capacité à « étouffer » dans l’oeuf une grève, dit-on. Mais pas à la laisser devenir effective.

1ER SEPTEMBRE : RENTREE SCOLAIRE HYPOTHETIQUE

La partie ne s’arrête pas aux professionnels de la santé. Le front social, et toujours le social, est déjà en ébullition avec les préalables des enseignants pour la reprise des cours. Ils conditionnent cette reprise au mois de septembre « par le paiement uniforme des salaires à travers le territoire national et l’application du budget 2008 en faveur des enseignants ainsi qu’une prime comme celle accordée aux professeurs d’université ».

A ce jour, aucun communiqué officiel de la part du gouvernement pour apaiser les parents que le nécessaire a été fait afin que la rentrée scolaire soit effective le 1er septembre. Bien au contraire, le communiqué du gouvernement relatif au paiement des frais scolaires n’est pas du tout respecté. Les parents qui se sont rendus dans des écoles sont surpris d’entendre un autre refrain. Alors que le gouvernement indique qu’il s’agit de 7.500 FC pour toute l’année scolaire, la plupart des écoles de la capitale affirment le contraire : ce montant représente un acompte. Dans d’autres établissements, il faut payer la moitié de 130 Usd pour inscrire ou confirmer l’inscription. La confusion est totale avant que les parents paient toujours la grosse facture.

Si la menace des enseignants devenait effective, les Fonctionnaires et agents de l’Etat entreront dans la danse. Ce sera la paralysie de l’Administration centrale. Il n’est pas exclu que le secteur privé en fasse autant. L’application du SMIG pose déjà problème et plusieurs entreprises ne sont pas prêtes à exécuter les décisions du gouvernement.

LA MISERE SOCIALE : UNE BOMBE A RETARDEMENT

Les regards sont donc tournés en direction du gouvernement. Il est un fait que cette situation sociale ne date pas d’aujourd’hui. Il est connu du gouvernement depuis deux ans. Apparemment, rien de positif n’aurait été décidé. Le gouvernement qui a cru profiter de la « période de grâce », ne s’y est pas impliqué totalement dans la recherche des solutions satisfaisantes. Or, il se fait que plusieurs choses ont été dites, des promesses énoncées, des actions réalisées dans d’autres secteurs. Le gouvernement risque d’être pris dans son propre piège. Il n a qu’un seul argument à brandir : la justification du plan d’exécution du Budget 2008 afin que l’on comprenne pourquoi certaines promesses n’ont été tenues et s’il y a lieu d’y pas croire encore.

Pour éviter de tomber dans ce piège, des personnalités politiques et de la Société civile avaient déjà tiré la sonnette d’alarme. Le président du Sénat, à l’ouverture de la session de mars, invitait le gouvernement à faire diligence dans le secteur social : « La situation sociale générale des agents et fonctionnaires de l’Etat, en ce compris les enseignants, les magistrats, les professeurs et les chercheurs, les médecins et les paramédicaux, les soldats et les policiers demeure préoccupante. Bien que le gouvernement ait alloué 15 milliards de francs congolais supplémentaires, soit au total 35 milliards de francs congolais/mois, la tension au sein de l’Administration publique reste vive. Les salaires, aux dires des ayants droit, n’arrivent pas à destination. Par ailleurs, il n’y a pas motif à se réjouir lorsque l’on observe un autre phénomène, celui des grèves qui paralysent le pays, bloquent son fonctionnement, étranglent l’économie et asphyxient la population. Certes, le droit de grève est reconnu et garanti par la Constitution (article 39). Mais le gouvernement a le droit d’imposer un service minimum pour le bien de tous et de chacun. Il a aussi le droit de poursuivre les négociations avec les partenaires sociaux pour une sortie de crise : la porte la mieux fermée, est celle que l’on peut laisser ouverte ».

Quatre mois plus tard, les Evêques catholiques enfonçaient le clou : « Il y a aujourd’hui un mur qui sépare toujours davantage les riches des pauvres. La tension salariale entre les hommes politiques et les agents de l’Etat appelle des réformes urgentes. Bien des salaires ne sont toujours pas payés, le enseignants et bon nombre d’agents de l’Etat sont clochardisés. Ce qui fait craindre une nouvelle vague de grèves à la prochaine rentrée scolaire si rien n’est fait pour les enseignants. Il est surprenant que même des sociétés minières n’arrivent plus à payer leurs agents. De leur côté, les militaires ont eux aussi droit à une solde digne, car ils mettent leur vie au service de la Nation. La misère sociale nous interpelle. Nous ne pouvons accepter une démocratie à deux vitesses, où il y a d’un côté ceux qui vivent dans l’opulence et de l’autre ceux qui doivent se contenter des miettes ».

A 26 jours de la prochaine rentrée parlementaire, consacrée essentiellement au dépôt du projet du Budget 2009, le gouvernement a déjà du pain sur la planche. Le Potentiel

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