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LOSAKO
20 novembre 2008

Kabila de plus en plus isolé

20154584Comme on le voit, ce n’est pas en 2008 que la République démocratique du Congo connaîtra la paix. Des élections ont beau avoir eu lieu, des institutions officiellement républicaines mises en place, des accords avec des groupes armés signés, la paix n’est pas perceptible dans un horizon raisonnablement proche.

Et pourtant, le sort avait semblé vouloir favoriser le président Joseph Kabila, puisqu’il l’avait définitivement débarrassé de son rival, celui qui avait pris les armes et qui, par la suite, s’était montré à même de compter ses voix dans des élections générales, en l’occurrence Jean-Pierre MBemba. Les défaites militaires et électorales et des déconvenues sur le plan judiciaire ont éloigné ce dangereux adversaire pour un temps non défini. Or, Joseph Kabila n’a pas eu le temps de savourer cette fleur que le destin a feint de lui faire. Comme un hoquet lancinant, les ennuis sont revenus, toujours sous la même forme : un groupe armé, adossé à une certaine frontière, conteste son pouvoir et ne craint pas de défier son armée.

Confidentielle au départ, cette rébellion, comme tous les problèmes que l’on ne résout pas sur le champ, prend de l’ampleur et gagne en crédibilité. Il y eut un moment où l’on croyait que Laurent Nkunda était incapable d’aller plus loin que le niveau de gesticulations qui devaient attirer l’attention sur lui, afin d’avoir une place autour de la table à manger. Puis on a estimé qu’il avait les moyens d’occuper une partie du territoire congolais et de s’assurer, de fait, un pouvoir sur le plan local avec tous les agréments qui vont avec. On pensait, alors, que son action n’avait et ne pouvait avoir qu’un but : faire main basse, pour son propre compte ou pour le compte d’un commanditaire évident, sur les énormes richesses minières de la région.

Aujourd’hui, il tient tête à l’armée régulière qu’il met en fuite quand il décide de rompre le cessez-le feu qu’il avait décrété unilatéralement. Et l’on se prend à se demander si la sérénité règne encore vraiment à Kinshasa. Depuis la rébellion de Laurent Désiré Kabila, l’opinion internationale a été habituée à voir des crises naître de ce côté-là du Congo, et prendre une ampleur croissante. Mobutu était tombé, et Laurent Désiré Kabila n’avait dû son salut qu’à l’intervention décisive de l’Angola à ses côtés. Aujourd’hui, son fils semble de plus en plus seul. D’abord, il semble être incapable de provoquer un rassemblement large du pays autour de lui.

31938318_pAu sein de la classe politique, on ne fait pas bloc autour de lui. Or, on aurait pu s’attendre à ce que, dans une épreuve de ce type, la nation réalise l’union sacrée autour de son chef pour écarter le danger imminent. On l’a vu récemment en Géorgie : une opposition alors exceptionnellement remontée contre le président avait tout de même fait cause commune avec lui, avant de s’aviser, longtemps après, de reprendre la lutte de plus belle, contre lui. Au Congo, le président Kabila ne bénéficie pas de ce phénomène. Ensuite, sur le plan militaire, il ne donne pas l’impression de disposer de cartes majeures dans son jeu. Son armée, comme aux temps les plus critiques du régime de Mobutu, se livre à des pillages, alors que, selon toutes les règles républicaines, la protection des populations, de leurs personnes et de leurs biens, aurait dû être sa raison d’être. Et c’est cette armée qui se livre aux exactions les moins compréhensibles contre des innocents.

En conséquence de quoi, elle ne fait que reculer : sa façon de traiter les populations montre qu’elle n’est pas disposée à se battre ; la motivation est du côté des rebelles. On comprend, dans ces conditions, que le président se soit séparé du chef d’état- major général des armées. Mais limoger le chef en pleine bataille, cela n’est pas fait pour rassurer les rangs. Et dans ce pays où la corruption est la moindre des choses, où l’on retourne sa veste contre un peu d’or, les défections politiques et militaires ne sont pas des événements. Ce qui, par contre, constitue un événement, dans cette crise, c’est le fait que les miliciens maï-maï, qui sont traditionnellement des supplétifs de l’armée régulière, aient retourné leurs armes contre les troupes de Joseph Kabila.

610xFaut-il croire que, comme les militaires, eux aussi, ils réagissent parce qu’ils n’ont pas reçu ce qui leur avait été promis ?

Ou bien, soucieux de la protection des populations, ils réagissent contre les exactions des militaires ?

Joseph Kabila est de plus en plus seul : les Occidentaux ont une réaction étonnemment molle. Cela se comprend quand on entend Laurent NKunda déclarer que sa volonté est que les concessions minières soient révisées. On se dit alors que Joseph Kabila a choisi le mauvais camp lorsqu’il a décidé de faire une place aux Chinois dans l’exploitation des ressources minières. Il n’y a donc plus de doute que le problème Laurent Nkunda se pose dans les termes suivants : les immenses richesses du sous-sol congolais et... la Chine.

On tremble à l’idée que, de nouveau, l’Afrique est le théâtre d’intérêts qui s’opposent aux siens. Comme aux temps de la guerre froide, des intérêts qui s’entrechoquent vont se combattre cruellement, avec des tragédies humaines, et cela, par de malheureux pions interposés. Le Pays

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Commentaires
T
Triste verité.
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LOSAKO
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