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LOSAKO
20 décembre 2008

Le viol s'immisce dans le quotidien des femmes à Kinshasa

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"Ils m'ont jetée à terre et violée. Ils étaient deux, des faux policiers", confie Clara, une Congolaise de 16 ans, quelques jours après son agression à Kinshasa, capitale défigurée par la misère, où le fléau du viol s'immisce dans le quotidien des femmes.

A 1.500 km de Goma, dans l'est du pays, où le viol est considéré comme une véritable arme de guerre et où des centaines de femmes ont été mutilées après avoir été abusées sexuellement par des miliciens armés, Kinshasa devient à son tour un lieu dangereux pour d'autres Congolaises.

Aux confins d'un quartier est de la capitale - au bout d'une longue série de bidonvilles s'étendant le long d'une voie ferrée désaffectée et d'immeubles pillés et incendiés au début des années 90 - Clara, qui souffre de douleurs dans le bas du ventre, est venue demander une aide médicale au centre hospitalier Saint-Joseph.

Dans ce centre, des dizaines de Congolaises, visages marqués par la douleur, s'entassent dans des couloirs où même la peinture semble abandonner les murs. Elles attendent leur tour sur des bancs élimés pour être auscultées. Leurs regards sont vagues, leurs mots rares.

Dans son bureau au décor rudimentaire, avec peu de moyens médicaux, le docteur Arthur Ngoy s'essuie le front: "Ce matin, on a déjà eu deux cas de viols avec des grossesses consécutives". "En moyenne, dit-il, nous recevons au moins trois cas de viol (commis à Kinshasa) par jour rien que dans notre unité médicale", et les "victimes ont majoritairement moins de quinze ans". "J'ai même soigné une enfant de deux ans qui avait été violée par son frère".

Clara, une adolescente frêle aux cheveux sagement tressés, est venue le voir après "ce que les hommes lui ont fait" le soir du 10 décembre. "J'étais de retour de chez ma soeur quand j'ai été interpellée par des hommes en civil dans une jeep aux vitres fumées vers 20H00. Ils m'ont montré des cartes de policiers", raconte-t-elle.

Lui faisant croire qu'elle avait commis un délit et que les mineurs n'étaient pas autorisés à être dehors la nuit, ils l'ont conduite à Ngaba, un quartier de Kinshasa. Sur place, ils lui ont demandé de payer "une amende de 70.000 francs congolais" (environ 120 dollars): "Je leur ai dit, je suis jeune, je n'ai pas cet argent", mais "ils m'ont pris les 1.500 francs (moins de trois dollars) que j'avais pour payer les transports et ma chaînette en or".

"Ils m'ont ensuite emmenée dans un endroit obscur". "Pendant que les deux hommes me violaient, le chauffeur regardait"."Ils m'ont abandonnée après. Ils m'ont fait très mal et j'ai toujours très mal". Au petit matin, un garagiste l'a trouvée au bord de la route et l'a déposée près de chez ses parents.

Le viol, véritable fléau dans l'ex-Zaïre, a poussé mardi des milliers de Congolaises à défiler à Kinshasa pour dénoncer "l'impunité envers les auteurs de violences sexuelles faites aux femmes et aux enfants".

Dans son rapport 2008, le Programme de l'ONU pour l'aide au développement (PNUD), constate que la "femme congolaise vit dans un environnement abrutissant, dans lequel elle est sous considérée, discriminée et violentée".

Les conditions socio-économiques et la grande promiscuité sont également des facteurs expliquant ces violences, selon des experts médicaux. Dans son cabinet où un rideau en plastique râpé démarque la salle d'auscultation, la doctoresse Dolorès Nembunzu, explique que son unité inaugurée il y a un an "prend en charge les violences sexuelles".

Ces viols, dit-elle, sont commis "soit dans les familles, soit dans des quartiers, soit au cours de rapts même sur le chemin de l'école". Ils sont parfois si violents qu'ils provoquent des fistules, une déchirure vaginale créant des pertes urinaires permanentes, explique-t-elle.

"Tous les jours, nous recevons des femmes violées. Dans ce pays, la femme est devenue un exutoire, une simple chose et les séquelles restent durables".

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