Oscar Kashala dans les bras de Nkunda !
Oscar Kashala Lumunkwenda était à Kigali, le 30 novembre dernier, avec son homme de main, Daniel Mubenga. Kigali, après s’être rendu compte que Nkunda a du mal à défendre l’agenda rwandais sur la RDC politiquement et diplomatiquement, s’emploie à renforcer la direction politique du CNDP.
Oscar Kashala est un gros poisson pour Kagame et ses compagnons d’infortune. Arrivé 5ème sur 32 candidats à l’élection présidentielle de 2006, Oscar Kashala va-t-il trahir tous les Congolais qui ont cru en lui, pour se muer en défenseur des intérêts économiques et sécuritaires du Rwanda ?
Hier, Wamba dia Wamba, Z’Ahidi Arthur Ngoma, Emile Ilunga, Lambert Mende, Alexis Tambwe Mwamba, et j’en passe, s’étaient faits recruter par les Rwandais, tantôt sous le label AFDL, tantôt RCD. La tactique et la stratégie de recrutement du régime rwandais ont, par le passé, fonctionné. Kagame veut rééditer ce que l’on peut ici appeler son triste exploit. Il tient à renforcer la direction politique du CNDP de Laurent Nkunda qui tangue toutes les fois qu’il est question de discuter sérieusement avec la partie gouvernementale.
Comme la capture dépend de l’appât, Kigali mise gros pour pêcher Oscar Kashala qui se disait ‘‘Maboko Pembe’’ lorsqu’il était en campagne électorale en juillet 2006. D’après des sources dignes de foi, le contact était établi par le responsable rwandais extérieur des Services de renseignement. Oscar Kashala est alors arrivé à Kigali, par un régulier de Kenya Air Ways, sous bonne escorte, pour rencontrer les autorités rwandaises afin de donner un coup de main efficace au CNDP en difficulté.
Logé à l’Hôtel Sérena de Kigali, le travail de Kashala consisterait à présenter à la face du monde que le CNDP n’est pas une affaire des rwandophones. Il devait apporter à la rébellion de Nkunda ce qui lui fait le plus défaut : l’encadrement politique. Nkunda, très militariste, c’est connu, éprouve d’énormes difficultés à justifier son action militaire au Nord-Kivu. Son mouvement a perdu tout crédit.
Désormais, le CNDP apparaît comme une association des malfaiteurs, une entreprise terroriste. Ce qui pousse le médiateur de l’Onu, Olusegun Obasanjo, à déclarer que le CNDP devait être, sans autre forme de procès, démantelé et désarmé. Personne ne comprend plus pourquoi, quelqu’un qui n’a aucune revendication sérieuse, jetterait impunément des centaines de Congolais dans la brousse. Oscar Kashala acceptera-t-il, alors qu’un rapport de l’Onu présente le CNDP comme un instrument au service des maffieux pour piller les ressources de la RDC, d’assumer une aussi sale besogne ?
Il est vrai que le goût très prononcé de Kashala pour le pouvoir ne plus l’ombre d’aucun doute. On l’a vu, plus récemment, quand il y avait des tractations pour désigner un successeur à Antoine Gizenga, qui venait de déposer sa démission ; Oscar Kashala, on ne sait par quelle magie, convoiter la Primature. Pourtant, il savait très bien que ses chances pour prendre la place d’Adolphe Muzito étaient très réduites. A se demander comment Kashala allait s’y prendre.
A ce que l’on sache, il n’est pas de la majorité. C’est un gars de l’opposition. Convoiter la Primature, c’est une chose. Tout congolais épris de paix peut rêver. Mais, s’engager dans une aventure, dont on ne maîtrise ni les tenants ni aboutissants, relève de la myopie politique. Comment Kashala, qui a encore toutes ses cartes en main pour 2011, se réduirait en un défenseur des intérêts économiques et sécuritaires du régime rwandais aux abois ?
Le Conseil de Sécurité de l’Onu, qui s’est réuni, lundi 22 décembre, a annoncé des élections municipales et locales en juin 2009. C’est, d’ailleurs, l’une des raisons pour lesquelles le mandat de la Monuc a été renforcé. Les troupes de la Monuc auront pour tâche d’empêcher les groupes armés de cracher sur le processus de paix : Goma et Nairobi. Une confrontation directe CNDP- Casques bleus devient probable. C’est en ce moment que Kashala choisit-il de gagner le maquis ? Le sort de Bemba détenu à la CPI pour des crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis par ses hommes à Bangui entre 2002 et 2003 suffit à le dissuader. De toutes les façons, c’est à Oscar Kashala, en adulte, de décider de ses actes. Il a le choix entre passer le reste de sa vie à se cacher, à se justifier et vivre en liberté. La Prospérité.