Roi dollar fâché : Muzito réveille l’Ofida, la Dgrad et la Dgi !

9 janvier 2009

Roi dollar fâché : Muzito réveille l’Ofida, la Dgrad et la Dgi !

Hier, Adolphe Muzito a réuni, à l’Hôtel du gouvernement, les responsables des régies financières : Ofida, Dgrad et Dgi. Objectif, les instruire pour qu’ils développent à l’intention du gouvernement des stratégies internes et externes pour dépasser les assignations budgétaires. Face à la montée du dollar, Muzito invite la population et les opérateurs économiques à ne pas céder à la panique.

L’on s’attendait pourtant à une baisse du taux du roi dollar après les festivités de fin d’année comme c’est le cas d’ailleurs durant les années antérieures. Non, il n’en est rien. C’est plutôt l’inverse qui se produit. Le dollar s’échange désormais à 700 FC et il n’est pas exclu que dans les jours à venir ce seuil soit franchi. Déjà, des spéculations ont l’ont conduit autour 750 FC, le dollar américain.

Sur le marché, cette situation entraîne ipso facto une hausse vertigineuse des prix des biens de consommation. Conséquence, la panique devient généralisée au point de créer une insécurité sur le plan social. Et, Adolphe Muzito, le Premier Ministre de la RD. Congo, n’en est pas moins conscient eu égard au danger qui guette la nation congolaise. C’est pour cette raison qu’il s’empresse à prendre le taureau par les cornes afin de sauver le Budget 2009 dont les prévisions ont porté sur 580 FC, le dollar.

C’est ainsi que ce jeudi 8 janvier 2009, il a réuni, à l’Hôtel du Gouvernement, tous les responsables des Régies financières à savoir, celui de l’Ofida, de la Dgrad et de la Dgi. Objectif, les instruire pour qu’elles envisagent, dans leurs stratégies tant internes qu’externes de mobilisation des recettes, les moyens d’atteindre ou mieux, de dépasser les assignations budgétaires initiales.

Tâche ardue, mais pas impossible

Les instructions données par Adolphe Muzito ont été religieusement suivies par les responsables des Régies financières. Ces dernières, en effet, ont pris l’engagement de se mettre directement au travail pour accomplir cette tâche qui se révèle ardue, mais pas impossible.

Cependant, avant d’en arriver là, l’Ofida a fait savoir au Chef du Gouvernement que son institution devra s’efforcer de disponibiliser à temps la rétrocession en faveur des agents et cadres. C’est autant dire qu’il y a encore des pesanteurs pour que ces entreprises arrivent à s’exécuter convenablement.

Ne pas céder à la panique

Face à la situation de panique qui emballe tous les congolais, Adolphe Muzito s’est voulu rassurant. « Il ne faut pas céder à la panique », a-t-il lancé comme message à l’endroit de toute la population et des opérateurs économiques. Cela, pour permettre aux dispositifs mis en place de produire ses effets. Cependant, compte tenu de la dépréciation de la monnaie nationale face au roi dollar, Muzito crée une commission de crise qui se réunira régulièrement sous sa coordination pour résorber cette situation.
La crise financière s’invite à la réunion

Si certains points ne pouvaient être épinglés à cette occasion, la crise financière, elle, s’est invitée à la réunion. Considérant que la crise financière constitue une donne exogène, Adolphe Muzito a recommandé la prudence aux gestionnaires desdites entreprises pour que les effets de cette crise ne puissent nullement surprendre le Gouvernement congolais.

Ci-après, le condensé de cette réunion, dans ce communiqué signé Adolphe Muzito.

Communiqué du Gouvernement

Face à la situation économique marquée par la dépréciation du Franc Congolais, le Premier Ministre, Son Excellence Adolphe Muzito a réuni en urgence autour de lui, le Ministre des Finances, Athanase Matenda, le Gouverneur de la Banque Centrale du Congo, M. Jean-Claude Masangu et le Président de l’Association Congolaise des Banques, M. Michel Losembe pour analyser les causes et conséquences de cette situation, en vue de prendre les mesures appropriées.

1. Constat
Pendant neuf (9) mois au courant de l’année 2008, le Franc Congolais s’est maintenu autour de 560 pour 1 dollar américain. A partir de fin septembre 2008, il s’est déprécié pour terminer l’année à 644 en banque et à 670-680 au marché parallèle avec des pointes annoncées de 720-740 FC le dollar américain.
Les causes principales de cette surchauffe sont les suivantes :
- La baisse des ressources provenant de l’exportation du pétrole, du bois ainsi que des produits miniers y compris le diamant, baisse résultant de la crise financière et économique internationale ;
- La situation sécuritaire à l’Est du pays ;
- Le paiement d’importantes échéances notamment envers le Fonds Monétaire International ;
- L’augmentation de la demande de devises suite à la nécessité pour les opérateurs économiques de reconstituer leur stock après les ventes de fin d’année ;
- La rétention spéculative des devises, couplée du phénomène d’anticipations et d’inquiétudes essentiellement sur le marché de change parallèle de Kinshasa ;
2. Actions prises et envisagées :
- L’intervention régulière de la Banque Centrale du Congo sur le marché de change jusqu’à la stabilisation de la situation de surchauffe ;
- Sur le plan de la politique monétaire, augmentation du taux d’intérêt directeur de la Banque Centrale du Congo de 28 à 40 % l’an, mesure qui produit déjà ses effets par la résorption additionnelle de 18 milliards de FC en 7 jours ;
- Le maintien de l’exécution des dépenses sur base caisse afin de contenir le niveau de la masse monétaire en circulation ;
- L’accélération de la procédure de demande de la facilité de protection contre les chocs exogènes auprès du Fonds Monétaire International pour soutenir la balance des paiements ;
- La mobilisation diversifiée et plus accrue des recettes fiscales, douanières, administratives, domaniales, judiciaires et de participations ;
- La prise des mesures d’incitations fiscales en faveur des secteurs pourvoyeurs des devises ;
- Le maintien d’un dialogue permanent avec les opérateurs du secteur financier afin de gérer ensemble la situation actuelle du marché de change.
Nous invitons la population et les opérateurs économiques à ne pas céder à la panique et à la spéculation pour permettre au dispositif mis en place de produire ses effets dans la sérénité.
Conclusion
A l’issue de la réunion, le Premier Ministre a créé une Cellule de crise qui se réunira régulièrement sous sa coordination pour résorber cette situation.
Fait à Kinshasa, le 08 janvier 2009
Adolphe MUZITO
Premier Ministre