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LOSAKO
3 juin 2009

Contrats chinois ou Point d’Achèvement : La RDC entre le marteau et l’enclume

jkk_hujintao_coupleLe choix des partenaires en matière de coopération est l’un des attributs de la souveraineté d’un Etat. Ceux qui l’opèrent doivent être persuadés qu’ils agissent dans l’intérêt du pays et au profit du peuple. En conséquence, ce choix ne peut souffrir d’aucune interférence extérieure quelconque. C’est dans cet esprit que le régime de Mobutu, bien que réputé élève modèle des institutions financières internationales du monde capitaliste, faisait souffrir son peuple de privations, au nom d’une rigueur à sens unique. Il s’était tourné vers la Chine communiste pour une coopération dont il avait tiré seulement quelques éléphants blancs.

Rusé, Mobutu savait ménager la chèvre et le chou, tant et si bien que son rapprochement avec le Céleste Empire n’avait pas provoqué une brouille entre lui et ses maîtres occidentaux. Bercé de promesses par les partenaires traditionnels de la RDC, parrains du processus électoral dont il est l’émanation, le pouvoir en place à Kinshasa a cru qu’il ne pouvait s’empêcher de frapper à d’autres portes qui seraient disposées à lui fournir des moyens dont il avait grandement besoin pour la mise en train de son programme de 5 chantiers. Alors, il a penché pour la Chine, en signant des contrats avec certains hommes d’affaires.

Ces contrats ont suscité beaucoup de bruit aussi bien dans les milieux politiques à Kinshasa que dans les rangs des partenaires occidentaux de la RDC. Les sphères officielles semblaient rechigner à les publier pour divulguer leur contenu. C’est comme s’ils étaient marqués du sceau de secret d’Etat. Les parlementaires de l’Opposition ont harcelé le gouvernement afin de le déterminer à dévoiler les termes de ces accords, mais en vain. C’est de l’étranger que s’est ébruité le libellé de ces contrats, diffusé sur Internet et dans des journaux.

jpg_bakchich9_couleur_sans_pers_2Le Phare est le seul des quotidiens paraissant à Kinshasa à avoir publié une version de ces contrats. C’est alors que l’affaire des contrats chinois a provoqué un débat passionné dans tous les milieux, sur les chaînes de télévision et dans la presse écrite. Le gouvernement a été finalement obligé d’aller se présenter à l’Assemblée nationale avec une version de ces contrats qu’il devait défendre devant les députés nationaux réunis en plénière. Etait-ce une version originale authentique ou une variante revue ? Le ministre de la Reconstruction, Pierre Lumbi, avait fait l’éloge et l’apologie de la coopération sino-congolaise, tandis que plusieurs députés dans leurs interventions, avaient durement critiqué les termes des accords qu’ils jugeaient trop avantageux pour les parties contractantes chinoises, mais très préjudiciables à la RDC.

Ici chez nous, l’affaire était apparemment close. Pour les partenaires traditionnels de la RDC, le problème des contrats chinois demeurait toujours entier. Ils engageaient à la fois discrètement et ouvertement une action diplomatique de grande envergure pour contrarier, par tous les moyens, la coopération sino-congolaise vue sous l’angle des fameux accords. On voyait défiler à Kinshasa, des ministres des pays membres de l’Union européenne, des commissaires de l’Union européenne, des directeurs et des fondés de pouvoir des institutions financières du monde capitaliste. Ils rencontraient les mêmes personnalités, à savoir le Président de la République, le Premier ministre, le ministre des Finances, le gouverneur de la Banque centrale, les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat. Ils attiraient particulièrement l’attention des dirigeants congolais sur les inconvénients qu’entraînerait l’application des contrats chinois au détriment du pays et du peuple, et aussi l’altération des rapports entre la RDC et ses partenaires occidentaux.

Ces remontrances étaient faites avec insistance et alternance de ton crescendo au fur et à mesure que les plénipotentiaires se relayaient en mission à Kinshasa, avec l’espoir qu’elles seraient bien assimilées. Au sortir de leurs rencontres avec les autorités nationales, et pour la consommation interne du peuple congolais, ces plénipotentiaires déclaraient « qu’ils assuraient le gouvernement et le peuple congolais de leur soutien total ; que l’Etat congolais était libre de choisir ses partenaires ; que la RDC était un pays vaste où chaque partenaire pouvait bien trouver son compte ».

untitle2Il est difficile de concilier cette reconnaissance du bout des lèvres du choix libre de ses partenaires par l’Etat congolais, avec l’acharnement à contrarier l’exécution des contrats chinois. Ayant eu l’impression que tous les émissaires qui s’étaient rendus tour à tour à Kinshasa auraient prêché dans le désert, c’est le Directeur général du Fonds Monétaire Internationale (FMI) Dominique Strauss Khan qui s’amène en personne à Kinshasa pour livrer le dernier message à prendre ou à laisser, la patience des partenaires étant à bout. Il manie alternativement la carotte et le bâton. En guise de carotte « la RDC est l’un des pays les plus touchés d’Afrique par la crise financière mondiale ; les prix du cuivre, du cobalt et du diamant se sont effondrés. Le FMI a approuvé au mois de mars un déboursement de 195 millions de dollars US envers la RDC sous la Facilité de protection contre les Chocs Exogènes (FCE) ».

Le bâton est brandi relativement aux contrats chinois. « Un nouveau programme appuyé par la Facilité pour la Réduction de la Pauvreté et la Croissance dépend d’une solution cohérente du dossier de coopération sino-congolaise sur les mines et grands projets d’infrastructures. Le FMI soutient les efforts de la RDC pour accéder à la réduction de dette dont elle a tant besoin et aux investissements dans les infrastructures et le secteur minier. L’examen d’un nouveau programme par le Conseil d’administration du FMI passe en effet par une solution satisfaisante apportée à l’accord sino-congolais et par l’accord de financement du Club de Paris ».

Le week-end du samedi 23 et dimanche 24 mai, alors que le patron du FMI, Dominique Strauss Khan, se trouvait à Kinshasa, le gouvernement qui était entre l’enclume et le marteau avec cette affaire des contrats chinois sur les bras, jetait l’éponge en douce. « La RDC et la Chine décidaient de ne pas activer la deuxième étape du financement chinois évalué à trois milliards de dollars ». Un coup de tonnerre ! Ce n’est pas de gaieté de cœur que Kinshasa s’est vu dans la désagréable obligation de brûler ce qu’il adorait, et qu’il considérait comme l’ancre de salut de ses 5 chantiers.

39891564Les partenaires ne manquent pas d’armes d’intimidation à utiliser et de miroirs aux alouettes à brandir pour fléchir ceux qu’ils ont façonnés comme leurs clients inconditionnels, qui tentent de leur tourner le dos en se laissant séduire par l’appât d’une coopération soi-disant exemplaire et philanthropique extrême-orientale. « Réduction de dette pour sortir de l’enfer des « Pays pauvres très endettés » (PPTE) ; réduction de la pauvreté et stimulation de la croissance ; appui aux budgets chroniquement déficitaires ; protection contre les chocs exogènes etc. »

Quand on y réfléchit bien, l’amortissement de la dette pour le point d’achèvement de l’initiative « PPTE » est, en d’autres termes, déshabiller saint Pierre pour habiller saint Paul. Ce qu’on va encore recevoir pour lutter contre la pauvreté, stimuler la croissance, suppléer aux budgets déficitaires etc. n’est pas à considérer comme un don. Ce sont aussi des nouvelles dettes qui vont remplacer celle qu’on aurait effacée au nom des PPTE. Un cercle vicieux infernal. Avec l’évacuation de la coopération extrême-orientale, les couches sociales doivent se réarmer moralement pour se serrer la ceinture en prévision d’une rigueur new-look qui s’annonce imminente. Le Phare

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