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LOSAKO
22 juin 2009

Belgique : Reynders aux Affaires étrangères ?

Reynders_20JKSelon la radio publique belge francophone (RTBF), le ministre belge des Finances, le libéral francophone Didier Reynders pourrait prendre la tête de la diplomatie belge dans le cadre d’un remaniement du gouvernement fédéral.

Deux semaines après l’élection régionale qui a eu lieu le même jour avec l’élection européenne, le pari engagé par certains analystes de la politique intérieure belge est en passe de se réaliser : le gouvernement fédéral pourrait subir un «réaménagement». Dans son journal parlé matinal, dimanche 21 juin, la RTBF a parlé de simple «opération de chaise musicale». A en croire ce média, l’actuel patron de la diplomatie belge, Karel De Gucht, pourrait devenir commissaire européen. Il serait remplacé par Didier Reynders lequel céderait son prestigieux portefeuille des Finances à l’ancien Premier ministre Yves Leterme. Si ces répartitions de portefeuilles étaient confirmées, Charles Michel - fils de Louis du même nom - pourrait abandonner le ministère de la Coopération au développement lequel pourrait échoir à un démocrate-chrétien flamand.

Les élections régionales du 7 juin dernier se sont déroulées dans une ambiance de «duel au couteau» entre les libéraux (MR) et les socialistes francophones (PS), les deux formations politiques les plus importantes de la Belgique francophone. Depuis que le royaume a adopté les structures d’un Etat fédéral composé de Régions et des Communautés, il n’y a plus de «parti national». Il n’y a que des partis régionaux (Bruxelles-Capitale, Flandre, Wallonie). L’opérateur politique doit ainsi se faire une notoriété dans son entité régionale avant de «monter» vers «la Belgique fédérale». En Flandre, les démocrates-chrétiens ont réaffirmé leur suprématie. Ils sont talonnés par les extrémistes du «Vlaams belang». Les libéraux de l’ancien Premier ministre Guy Verhofstadt sont en baisse. En Wallonie, le PS, bien qu’en recul, reste le premier groupement politique. Il en est de même dans la Communauté française de Belgique. A Bruxelles, le MR devient numériquement la première formation.

Louis_20MichelLe MR, mal aimé

Suite à plusieurs scandales ayant éclaboussé des personnalités du PS wallon, le vice-premier ministre Didier Reynders - qui assume par ailleurs la présidence du MR - a déclaré : «Il y a des personnalités infréquentables au sein du PS». «Didier» espérait voir, selon ses propres termes, «le centre de gravité se déplacer tant à Bruxelles qu’en Wallonie». Autrement dit, le MR devrait supplanter le PS. Le pari n’a pas été atteint sauf à Bruxelles-Capitale. Le recul du parti socialiste n’a pas eu les proportions annoncées par les instituts de sondage. Bien au contraire. Ironie du sort, les libéraux risquent de se voir imposer une «cure d’opposition» durant cinq ans par le probable cartel Ecolo, CDh et PS. Rien n’est encore joué. Les négociations sont en cours. Les commentateurs redoutaient que le conflit PS-MR puisse déteindre sur le gouvernement fédéral.

Le dernier scrutin régional a été riche en enseignements. Un de ceux-ci est bien le recul du MR à Bruxelles particulièrement dans les milieux des Belges d’origines étrangères. Il semble que les libéraux francophones n’avaient pas placé les candidats issus de l’immigration dans une position susceptible de leur assurer une visibilité. Du côté de l’électorat belgo-congolais estimé à 25.000 votants, l’explication est beaucoup plus complexe. Tout en saluant l’élection de Gisèle Mandaïla Malamba (MR-FDF) en qualité de députée régionale à Bruxelles, il faut bien relever que le MR est plutôt mal aimé à l’image des «relations difficiles» que la diaspora congolaise de Belgique entretient avec le staff dirigeant de ce parti. Certains Congolais ont fait campagne contre tout vote en faveur de cette organisation. Et pour cause ?

degucht_454Ingérences

En juillet 1999, Louis Michel prend la direction de la diplomatie belge. A sa décharge, il rétablit aussitôt le contact avec Kinshasa. Contact rompu depuis plus d’une décennie par ses prédécesseurs flamands. Comme il aime le rappeler, Michel a fait inscrire le «dossier Congo-Kinshasa à l’agenda de la communauté internationale». Ce qui lui a valu le surnom de «Tonton Michel». Une trouvaille de son homologue congolais d’alors, Abdoulaye Yerodia Ndombasi. Reste que la «position équilibriste» adoptée par la diplomatie belge sur le conflit rwando-congolais a commencé à irriter la communauté congolaise de Belgique. «Je dois garder le contact avec toutes les parties en conflit», argumentait le ministre Michel. En juin 2004, ce dernier est chahuté au Quartier Matonge à Ixelles par plusieurs centaines des Congolais en colère contre la mutinerie menée à Bukavu par Laurent Nkunda et Jules Mutebusi. C’était en pleine campagne des régionales. Au mois de septembre, Louis Michel est «muté» à la Commission européenne. Il est remplacé par le libéral flamand Karel De Gucht. Celui-ci annonce sa volonté de débarrasser les relations belgo-congolaises de son «côté émotionnel».

Au mois d’octobre, "KDG" fait sa première tournée en Afrique centrale (Burundi, Congo-Kinshasa, Rwanda). «Je n’ai pas rencontré des hommes d’Etat qui prennent à cœur leurs charges», déclarait le nouveau patron de la diplomatie belge à l’issue de son escale en RD Congo. «Cette déclaration est de nature à affaiblir le président Joseph Kabila et à renforcer les mobutistes qui risquent de revenir au pouvoir». L’homme qui parle est le MR Armand De Decker, président du Sénat du royaume de Belgique. Dans une lettre adressée à ce dernier, l’ancien Premier ministre Léon Kengo wa Dondo, alors en exil à Bruxelles, n’avait manqué de dénoncer «cette ingérence au moment où les Congolais tentent de se réconcilier avec eux-mêmes».

730460766_smallLa rupture

«L’incompréhension ambiante» est montée d’un cran lors de l’élection présidentielle de 2006 en RD Congo. Plus à raison qu’à tort, plusieurs dirigeants du MR ont été accusés de «parti pris» au profit du président-candidat Joseph Kabila. A titre illustratif, à la veille du premier tour de l’élection présidentielle, une délégation du MR a atterri à Kinshasa avec plein de cadeaux à remettre à Kabila. Reynders, De Decker et Gisèle Mandaïla, alors secrétaire d’Etat à la Famille et personnes handicapées, étaient du voyage.

Lors d’une intervention à la télévision commerciale RTL-Tvi, le commissaire Michel déclarait en réponse à une question que «Joseph Kabila est l’espoir du Congo». Cette prise de position aurait scellé la «rupture» entre le MR et la grande majorité des Congolais naturalisés belges.

Signalons que les membres de la communauté congolaise ont été surpris d’entendre Louis Michel soutenir que le Congo est devenu une "démocratie" (lors d’une intervention à la RTBF) alors qu’eux mêmes attendent désespérément de percevoir les premiers signes de libéralisation politique promise lors des "élections démocratiques, libres et transparentes".

Que peut-on attendre d’un Didier Reynders à la tête de la diplomatie belge? Réputé intelligent et arrogant, Reynders, fidèle à la ligne tracée par Louis Michel, serait plutôt tenté de mettre fin à la politique d’«amitié critique» inaugurée par «KDG» à l’égard de la RD Congo. Le jeudi 20 novembre dernier, une cinquantaine de «Mamans congolaises» appartenant à quelques associations - dont le groupement «Bamama Totelema» - s’est rendue au ministère belge des Affaires étrangères afin d’exprimer sa "gratitude" au ministre De Gucht au motif qu’«il est le seul homme politique belge qui dit la vérité sur la situation réelle au Congo».

B. A. W.

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