Muzito – Kanku : face-à-face reporté !

Le face à face entre le Premier Ministre, Adolphe Muzito, et le député Clément Kanku, attendu depuis le mois de juin 2009, à la veille de la clôture de la session de mars, devrait en avoir lieu aujourd'hui au Palais du Peuplé. Il y a une dizaine de jours environ, le président de l'Assemblée Nationale, Evariste Boshab, avait écrit officiellement à l'un et à l'autre, pour leur demander d'être prêts ce mercredi 07 octobre, le premier avec sa réplique, et le second avec le texte de la motion de défiance qu'il avait déposée, il y a cinq mois, devant le Bureau de la chambre basse du Parlement.

Hier déjà, la fièvre de ce débat contradictoire commençait à monter au Palais du Peuple, où le protocole de l'Assemblée Nationale s'employait, à distribuer aux députés les documents contenant la motion de Clément Kanku, membre du groupe parlementaire des Chrétiens Démocrates (CD), ayant pour chef de file Gilbert Kiakwama kia Kiziki. Mais, au moment où nous mettions sous presse, nous avons appris de bonne source que ce face à face a été remis à plus tard, probablement au milieu de la semaine prochaine. La raison principale de ce report est liée au deuil qui frappe le pays, suite au décès du ministre André-Philippe Futa. On indique que plusieurs ministres ainsi que de nombreux députés et sénateurs séjournent encore à Mbuji-Mayi et Miabi dans le cadre des obsèques. La motion de défiance est si capitale que Boshab n'aimerait pas précipiter les choses, au risque de préjudicier les absents. On rappelle que dans son choc frontal futur avec le Premier ministre, le député que l'on dit très proche du MLC (Mouvement de Libération du Congo), accuse le gouvernement d'être responsable de l'immobilisme, de la mégestion, de la non-maîtrise du cadre macroéconomique, de l'instabilité de la monnaie nationale, de l'impunité, de l'enrichissement sans cause, de l'insécurité généralisée,, de la grogne sociale, etc.

Naturellement, Adolphe Muzito, à qui ces griefs ont été officiellement communiqués dans la lettre d'invitation venue du président du Bureau de l'Assemblée Nationale, doit avoir déjà préparé sa réplique. L'attention non seulement des députés mais de l'écrasante majorité des Congolais va se focaliser sur les arguments que compte aligner le chef du gouvernement pour battre en brèche la rhétorique de son adversaire.

Dans l'entourage du Premier ministre, on laisse entendre que ce dernier se réjouirait de pouvoir faire d'une pierre deux coups : éclairer d'une part la lanterne de l'Assemblée nationale sur tous les points de nature à susciter la controverse au regard des interrogations soulevées par le député Kanku, et d'autre part présenter devant l'opinion nationale le bilan des défis sécuritaires, politiques, diplomatiques, infrastructurels, économiques, financiers et culturels qu'il s'était fixés lors de sa prise de fonctions, il y a presque une année.

On peut noter, pour l'essentiel, qu'il a réussi, tant bien que mal, à ramener la paix et la sécurité dans la partie Est du pays. En tout cas, les armes ne crépitent plus autant qu'il y a deux ans. Entre autres hauts faits du gouvernement Muzito, on peut citer le retour du mouvement rebelle CNDP (Conseil  National  pour  la Défense du Peuple), dans le giron du pouvoir central, le rétablissement des relations diplomatiques avec le Rwanda et l'Ouganda, le réchauffement du partenariat avec les institutions de Brettons Wood, avec comme prime imminente à la bonne gouvernance l'accès au Point d'Achèvement de l'Initiative PPTE, l'assainissement progressif du cadre macro-économique national, le règlement par le dialogue des conflits sociaux avec les syndicats des magistrats, des médecins, des fonctionnaires,   des  enseignants, une plus grande visibilité des 5 chantiers de la république, etc.

L'accroissement du Budget national pour l'exercice 2010 pratiquement du simple au double laisse présager d'une plus grande volonté du gouvernement de répondre aux attentes des populations congolaises. Bref, à moins d'un séisme inattendu, Adolphe Muzito devrait pouvoir sortir sain et sauf, après débat et vote, en bout de course, de son épreuve de force avec Clément Kanku. En dépit des sons discordants que l'on a entendus ça et là dans les rangs de l'Alliance de la Majorité Présidentielle (AMP), la famille politique alliée à son parti, le Palu (Parti Lumumbiste Unifié), dit-on dans les couloirs du Palais du Peuple, savoir que rien de fâcheux ne pourrait lui arriver. Muzito lui-même serait très enthousiaste à l'idée de partager, non seulement avec Kanku mais avec d'autres députés aussi des réflexions de nature à enrichir la démocratie congolaise et à fixer davantage notre peuple sur la marche des affaires publiques. Le Phare