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LOSAKO
23 novembre 2009

LES STARS DE LA HONTE

kabila_musiciensL’amour a, depuis toujours, servi de réservoir d’inspiration privilégié aux musiciens congolais modernes. Les Wendo Kolosoy, Kallé jeff, Luambo Makiadi, Rochereau tabu Ley, Nico Kasanda … qui sont les monuments les plus illustratifs de cette musique ont chanté Marie Lowisa, Parafifi, Moussa Théthé, Ngalula mipende ya milangi..., odes à la beauté féminine et à l’amour, qui sont considérés, à juste titre, comme des classiques de la rumba congolaise. Vieilles parfois de plus de cinquante ans, ces chansons continuent à emballer les mélomanes, même les plus jeunes, qui prennent plaisir à se trémousser sur leurs notes entraînantes ; et surtout à fredonner leurs paroles envoûtantes. Véritables poèmes, ces œuvres artistiques ont la particularité de s’appuyer sur des textes limpides et des métaphores simples pour louer la beauté de la femme, décrire le bonheur ou la souffrance causé par l’amour, ou encore dénoncer, comme dans « mamou » de Franco, les dérapages et abus liés à l’amour. Ce choix minutieux des mots exprime le respect qu’avaient ces auteurs pour les mélomanes, et le niveau intellectuel qui leur imposait une censure morale personnelle, pour éviter de heurter les mœurs en versant dans les obscénités et l’immoralité.

Tabu_Ley_and_FrancoLorsque, sans doute obnubilé par son succès, Luambo Makiadi viola cette auto censure en étalant une litanie d’obscénités dans « Heleni », la société, ne pouvant tolérer pareil dérapage, se cabra et lui fît comprendre, en l’enfermant en prison, qu’il n’avait pas le droit d’enfreindre le code de morale populaire. Prenant ses responsabilités, l’Etat sanctionna sévèrement en interdisant la diffusion publique de ces œuvres corruptrices sur toute l’étendue du pays. Aujourd’hui, il est étonnant, triste et malheureux de constater que, ce qui était hier un fait singulier à tendance à devenir la norme ! La société en général et les autorités judiciaires en particulier sombrent dans une sorte de laxisme et une permissivité qui frisent l’irresponsabilité ; ce qui permet à certains auteurs « déjantés » de répandre leurs venin dans la société en promouvant les valeurs nocives qui détruisent les fondements même de notre tissu culturel. Au fil du temps, les textes des chansons se dépouillent de toute pudeur. Les mots sont balancés crus et nus aux mélomanes qui n’en croient pas leurs oreilles ! Esdras kambale, ministre de la Culture et Arts, s’époumone pour dénoncer cette gangrène, mais ses incantations en faveur de la moralisation de notre musique, loin de réfréner les dérives de nos artistes musiciens, stimulent leur inspiration érotique. Paradoxe ! Une simple écoute des albums sortis les cinq dernières années donnent une image de l’ampleur de ce désastre. Chaque nouvel opus apporte son lot de mots nus et de métaphores salaces. Le sexe a remplacé l’amour au point qu’il est devenu mal indiqué pour des parents d’écouter ces chansons en compagnie de leurs enfants ! Tout se passe comme si un arbitre invisible a donné le coup de sifflet d’une course effrénée aux obscénités, aux insanités ! C’est à celui qui aura le cran de chanter les mots les plus verts ou les métaphores les plus vicieux. Vraiment le tout eros !

TO YEBA YO... MOSALA NA YO SE KO TONGAKA MABALA YA BATO...

Quand on se rappelle que Nyoka Longo et Koffi Olomide avaient été jetés à Makala pour avoir crié « Etutana, yango na yango », on est sidéré d’entendre, à longueur des journées sur une cinquantaine de chaînes télé et autant de stations radio, des allusions aussi choquantes que « plan na bord, bord na plan », « tia ngai misapi… », « na chambre ozo sala rien »… Il y a de quoi se demander si on est toujours dans ce même pays. Incroyable !

Pendant qu’on crie à la dépravation des mœurs et à l’inversion des valeurs, comment peut-on accepter de nourrir la population, surtout les jeunes, de ces mets infects, pourris et corrupteurs que sont les « tubes » de la « nouvelle » musique congolaise moderne. Une musique sans garde-fou qui ratisse exclusivement sous la ceinture. Une musique qui exprime l’étroitesse d’esprit de ses auteurs. La Tolérance Zéro, c’est aussi et surtout retirer de la société tous les corrupteurs moraux qui entraînent la jeunesse de ce pays dans un abîme ; ce qui en fait des malfrats encore plus dangereux que les détourneurs des deniers publics ! Si l’on y prend garde, la RDC deviendra la capitale de la débauche, de la prostitution et du sexe ; une sorte de Sodome ou Gomorrhe des temps modernes. En tout cas, on est sur la voie.

Les musiciens congolais se comportent en intouchables. Ils estiment, au nom d’une liberté d’expression qui empiète sur la liberté de tout un peuple, qu’on doit laisser libre cours à leur inspiration ; fut-elle corruptrice. Leurs réactions empreintes de dédain contre la mesure interdisant l’insertion de noms des autorités dans leurs chansons a démontré, s’il fallait une preuve, que ces messieurs se croient inattaquables. Il est temps que la loi les rattrape. L’espace musical congolais doit être débarrassé des esprits instables qui, pour le succès, sont prêts à tout ; de ces tâches qu’il faut vite nettoyer de peur qu’elles s’incrustent et deviennent indélébiles ; de ces stars de la honte.  O.M/7sur7.cd

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