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LOSAKO
21 janvier 2010

Belgique-RD Congo : Réconciliation et malentendus

Steven_20et_20Kabila_20004Le ministre belge des Affaires étrangères, le CD&V Steven Vanackere, s’est entretenu, mardi 19 janvier, avec Joseph Kabila. La rencontre qui a duré plus d’une heure a eu lieu dans une ferme située à une soixantaine de kilomètres de Lubumbashi. Kabila a, à cette occasion, confirmé l’invitation adressée au roi Albert II à prendre part aux manifestations commémoratives du 50ème anniversaire de l’accession du Congo à l’indépendance. Aucune annonce forte, côté belge.

Homme politique plutôt discret voire effacé, le nouveau chef de la diplomatie belge, Steven Vanackere, avait annoncé les couleurs dès son arrivée à Kinshasa, lundi 18 janvier, en déclarant qu’il est venu «pour écouter, pour apprendre, pour voir dans un esprit constructif». Et ce, «dans l’espoir d’améliorer et d’exploiter les possibilités de coopération entre nos deux pays».

Apprendre, ne veut pas dire que cet officiel belge a parcouru près de 10.000 kilomètres sans avoir pris la peine de s’informer au préalable sur l’état de santé de la RD Congo. Contrairement aux dirigeants congolais, réputés maîtres dans l’art de l’improvisation, Vanackere sait tout. Il sait tout sur la précarité de la santé économique du pays qu’il visite. Il sait tout ensuite sur la corruption qui gangrène le pays. Il sait tout enfin sur l’embourgeoisement d’une classe dirigeante incivique et en panne d’imagination. Une classe dirigeante qui se soucie plus des intérêts de ses membres que du bien-être de la population. «Je sais tout et je ne dirai rien», semble être la devise du nouveau patron de la diplomatie du royaume.

"Steven" semble renvoyer dos à dos ses estimés prédécesseurs en l’occurrence Louis Michel - perçu à tort ou à raison comme «complaisant» - et Karel De Gucht considéré comme «arrogant». En parcourant la presse belge du mercredi 20 janvier, on peut noter que Vanackere donne néanmoins une «mention spéciale» au «contenu», et non à la forme, des déclarations faites par De Gucht, le 16 décembre dernier au Parlement européen. «Ce sont des faits. Et cette analyse est partagée», a-t-il déclaré. En deux mots, l’actuel commissaire européen au Développement déclarait notamment que depuis vingt ans la RD Congo est devenue un "énorme gâchis - un pays ou presque tout est à refaire, à commencer par la reconstruction de l’Etat, dont l’absence est au coeur de tous les problèmes". Et qu’il faudrait consolider la démocratie et "approfondir la bonne gouvernance".

«Pragmatique»

rdc_beluntitledAu Katanga, le ministre belge des Affaires étrangères a sans doute été frappé de stupeur en entendant le «raïs» congolais lancer aux journalistes belges que «tout va bien, le calme règne pratiquement sur l’ensemble du pays» et que «la situation économique s’améliore». La délégation belge savait que tout ne va pas bien dans la mesure où l’Etat congolais est inepte d’assurer les conditions minimales de sécurité pour les personnes et les biens. L’instabilité qui règne dans les deux provinces du Kivu et dans la province Orientale en témoigne.

Malgré la chaleur de l’accueil, Vanackere n’est pas tombé dans les travers d’un Wilfried Martens, alors Premier ministre, qui, après avoir goûté un bon plat zaïrois très épicé, n’avait pas résisté à la tentation de crier haut et fort son «amour pour le Zaïre et ses dirigeants.» C’était au début des années 80. Cette déclaration faillit faire imploser la coalition gouvernementale de l’époque. «Steven» a dit aux journalistes qu’il n’est pas aisé de le séduire. Il a néanmoins reconnu qu’il était «touché par la chaleur de l’accueil». Et d’ajouter : «Je suis un pragmatique. Ce qui compte pour moi c’est avant tout les résultats concrets.»

Au Katanga, Joseph Kabila a confirmé l’invitation adressée au roi Albert II à l’occasion du «Cinquantenaire» de l’indépendance du Congo. On peut gager que la décision ne sera pas aisée à prendre au sein du microcosme politique belge. Le ministre belge des Affaires étrangères a souligné cependant que son pays entend contribuer au succès des festivités prévues le 30 juin prochain. Il a émis l’espoir de voir Belges et Congolais «utiliser ce moment pour regarder vers l’avenir et voir comment on peut développer ensemble les possibilités pour le bonheur et le bien-être des deux peuples».

Certains observateurs ne voient pas d’un bon œil une visite du Souverain belge en RD Congo à moins d’une année des élections générales prévues, sauf cas de force majeure, à partir du mois de juillet 2011. D’aucuns redoutent que cette présence royale soit interprétée comme un «adoubement» au profit du chef d’Etat sortant dont le bilan, en matière économique et des droits et libertés, est considéré comme «désastreux» par certains segments de l’opinion publique belge.

Dans une déclaration faite lundi à la radio Okapi, le ministre congolais de la Communication et des médias, Lambert Mende Omalanga, a déclaré que le gouvernement congolais attendait l’arrivée du chef de la diplomatie belge «avec énormément d’intérêt». Ajoutant : «Nous parlerons certainement du portefeuille de projets que nous avons en commun, mais aussi, de la commémoration de l’événement qui nous met ensemble (…) ».

Malentendu

Degucht_MichelDepuis les années 70, les dirigeants belges ont toujours «reproché» aux gouvernants zaïro-congolais l’abandon des secteurs vitaux (agriculture, développement rural, santé, enseignement, transports et communications, sécurité alimentaire etc.) en privilégiant les domaines politiques et sécuritaires. Treize années après la chute du régime Mobutu, la dépendance vers l’extérieur continue de plus belle. Pourrait-on, dès lors, s’étonner que les pays donateurs s’ingèrent dans les « affaires intérieures» du pays ? Ne devrait-on pas se préparer à voir les mêmes causes produire les mêmes effets ?

Il y a lieu de craindre, en effet, l’existence de quelques malentendus à l’occasion de la visite du ministre Steven Vanackere au Congo. D’un côté, les dirigeants congolais escomptent le retour de la coopération d’Etat à Etat dans les secteurs socio-économiques cités précédemment. De l’autre, la Belgique politique qui, elle, attend que le Congo (re) devienne un véritable partenaire économique. Pour ce faire, elle espère que les dirigeants congolais vont se mettre à «balayer» devant la porte de la «Maison Congo» en prenant des mesures volontaristes notamment la lutte contre la corruption et la réduction du train de vie de l’Etat – financé par l’abus de la planche à billets sans contrepartie – afin de juguler l’hyperinflation. Et partant, recréer un environnement favorable aux affaires par le renforcement de la sécurité juridique et judiciaire.

En attendant que ces mesures donnent les premiers effets, aucun investisseur belge sérieux n’oserait s’hasarder dans la "jungle congolaise". L’aide du royaume sera maintenue au plan …humanitaire. Steven Vanackere l’a dit en termes à peine voilés aux médias belges : «Nous aussi, nous avons nos susceptibilités. Nous avons une opinion publique qui est très inquiète sur certaines choses qui se passent au Congo.»

Baudouin Amba Wetshi 

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Commentaires
S
La photo en haut n'est pas authentique. A quand le journalisme professionnel sur Losako?
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