Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LOSAKO
11 février 2010

Sommet des Grands Lacs / Les minerais de sang : sonner le glas des maffieux

carte_grandslacsIl était temps. On s’apprête à toucher le fond du problème. Le prochain sommet régional des chefs d’Etat de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, CIRGL, est déjà un pas important vers la fin des conflits armés dans la région des Grands Lacs. Pourvu que ceux qui font des minerais « le nerf de la guerre » par une exploitation frauduleuse qui sous-tend le trafic illicite des armes soient formellement identifiés et traduits devant la justice.

Un sommet régional des chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, CIRGL, se tiendra dans les tout prochains jours. Cette décision a été prise en marge du dernier sommet de l’Union africaine qui s’est tenu au début du mois de février à Addis Abeba, en Ethiopie. Ce sommet sera précédé par la rencontre des Coordonnateurs nationaux et la réunion interministérielle régionale prévue à Kampala, en Ouganda.

L’objectif de ce prochain sommet est de prendre des dispositions qui s’imposent pour freiner l’exploitation illicite et criminelle des minerais et contrôler la filière vente. Cette préoccupation rejoint l’esprit et la lettre du « Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement dans la région des Grands Lacs », signé le 15 décembre 2006 à Nairobi. Et plus spécialement en son article 9 portant « Protocole sur la lutte contre l’exploitation illégale des ressources naturelles », lequel stipule : « Les Etats membres conviennent, conformément au Protocole sur la lutte contre l’exploitation illégale des ressources naturelles, de mettre en place des règles et mécanismes régionaux pour lutter contre l’exploitation illégale des ressources naturelles qui constitue une violation du droit de souveraineté permanente des Etats sur leurs ressources naturelles et qui représente une source grave d’insécurité, d’instabilité, de tension et de conflits, et en particulier :

a) de s’assurer que toute activité portant sur les ressources naturelles respecte scrupuleusement la souveraineté permanente de chaque Etat sur ses ressources naturelles et soit conforme aux législations nationales harmonisées ainsi qu’aux principes de transparence, de responsabilité, d’équité et de respect de l’environnement et des établissements humains ;

b) de mettre fin par des voies judiciaires nationales et internationales, à l’impunité dont jouissent les personnes physiques et morales dans l’exploitation illégale des ressources naturelles ;

c) de mettre en place un mécanisme régional de certification de l’exploitation, de l’évaluation et du contrôle des ressources naturelles dans la région des Grands Lacs ».

Il est utile de souligner que des débats houleux ont précédé l’adoption de ce protocole, tant pendant les travaux préparatoires de la CIRGL que lors des sommets des chefs d’Etat et de gouvernement de cette importante organisation de la sous-région des Grands Lacs. Les raisons sont faciles à deviner ; les Etats qui tiraient profit de la vente illicite des ressources naturelles, particulièrement des minerais congolais, perdaient une source importante de revenus financiers tant pour leurs Etats que pour « les économies de guerre ».

kabkag21LE RAPPORT KASSEM ET LES MINERAIS DE SANG

Bien avant l’adoption de ce protocole, les Nations Unies avaient initié une enquête pour chercher les causes de ces confits. La commission présidée par l’Egyptien Kassem, avait fait état, dans son rapport, de l’implication de plusieurs personnalités tant congolaises, africaines qu’occidentales et asiatiques dans ce commerce odieux, sans oublier des sociétés américaines, européennes, des groupes armés rwandais, ougandais qui étaient derrière cette exploitation illicite des minerais, particulièrement en RDC.

D’autres enquêtes, toujours des Nations Unies, étaient parvenues à la même conclusion. Il en est des ONG internationales à l’image de Global Witness , Human Rights Watch et Amnesty international. Les minerais tels que le coltan, la cassitérite, l‘or, le diamant… finançaient les conflits armés dans la région des Grands Lacs. Même les évêques du Congo ont abondé dans le même sens dans leur déclaration sur la guerre de l’Est de la RDC : « Il est évident que les ressources naturelles de la RD Congo alimentent la convoitise de certaines puissances et ne sont pas étrangères à la violence que l’on impose à sa population. En effet, tous les conflits se déroulent dans les couloirs économiques et autour des puits miniers. Comment comprendre que les différents accords soient violés sans aucune pression efficace pour contraindre les signataires à les respecter ? Les différentes conférences et réunions pour dénouer cette crise n’ont jamais abordé les questions de fond et n’ont fait que renvoyer et décevoir les attentes légitimes à la paix et à la justice de notre peuple ».

Ainsi le cobalt, la cassitérite, le diamant, l’or, bientôt le nickel, et le bois, ont toujours constitué le nerf de guerre en RDC.

LA QUESTION DE FOND

CARTE_20CONGO_RWANDA_20DANGER_203Ce sommet régional de chefs d’Etat et de gouvernement de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, CIRGL, sera une première depuis que l’on se penche sur la stabilité dans cette sous-région. Il est un fait qu’au niveau du Secrétariat exécutif de la CIRGL, l’option a été levée de procéder à la certification des minerais pour évaluer et contrôler les ressources naturelles dans la région des Grands Lacs. Et ce à l’image du processus de Kimberley pour le diamant.

Mais le prochain sommet doit aller au fond du problème. Les Etats-Unis ont déjà levé un pan de voile sur leurs intentions réelles avec l’arrivée de l’administration B. Obama. En effet, dans son discours d’investiture du 20 mai, le président américain s’exprimait en ces termes : « Aux habitants des pays pauvres, nous promettons de travailler à vos côtés pour faire en sorte que vos fermes prospèrent et que l’eau potable coule, de nourrir les corps affamés et les esprits voraces ». C’est dans ce contexte, bien avant qu’il ne soit élu, Barack Obama avait mis en garde les « gouvernements étrangers qui déstabilisent la République démocratique du Congo pour qu’ ils soient tenus pour responsables », et de souligner que les « revenus des ressources des pays africains devraient avant tout profiter à leurs populations ».

Aussitôt élu, il a nommé Howard Holpe, envoyé spécial des Etats-Unis dans la région des Grands Lacs. Actuellement en séjour dans le Kivu, ce diplomate américain a participé, vers la fin du mois de janvier, à un « mini-Conseil de sécurité » qui regroupait tous les « envoyés spéciaux occidentaux » dans la région des Grands Lacs.

C’est dire que cette réunion devra avoir le mérite de toucher à la question de fond. Mieux, de sonner le glas des maffieux. C’est-à-dire, identifier toutes les personnes, tous les Etats, toutes les sociétés multinationales ou privées qui ont participé à l’exploitation illicite et criminelle des minerais de guerre pour les traduire devant une Cour pénale internationale.

Le gouvernement congolais, quant à lui, devra commencer par briser les chaînes de l’impunité et en faire de même à l’égard de ses ressortissants pour « association des malfaiteurs et des criminels ». – Affaire à suivre. Le Potentiel

Publicité
Commentaires
Publicité
Archives
LOSAKO
  • Le porte-voix de tous ceux qui cherchent vainement dans quel forum de ce monde, ils peuvent se faire entendre.. Oui, je veux donc parler au nom de tous les « laissés pour compte » parce que « je suis homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger ».
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Catégories
Publicité