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LOSAKO
22 février 2010

Polémique autour de la manifestation du 16 février

police8KINUne marche organisée à Kinshasa à l’occasion de la commémoration du 18ème anniversaire de la «Marche des chrétiens» du 16 février 1992 a été dispersée sans ménagement par des éléments de la police. Les organisateurs dénoncent des cas de viols et d’extortion d’objets personnels. Selon le ministre de la Communication et médias, la manifestation n’a pas été autorisée. Les organisateurs, eux, invitent les gouvernants congolais "à respecter la Constitution". L’article 26 de la Loi fondamentale impose aux initiateurs l’obligation d’"informer" préalablement les autorités compétentes.

«La liberté de manifestation est garantie. Toute manifestation sur les voies publiques ou en plein air impose aux organisateurs d’informer par écrit l’autorité administrative compétente (…)», indiquent les deux premiers alinéas de l’article 26 de la Constitution de la RD Congo.

Mardi 16 février 2010, des représentants des forces sociales ont organisé une "marche pacifique" à l’occasion de la commémoration du 18ème anniversaire de la "Marche des chrétiens" du 16 février 1992. Plusieurs acteurs politiques ont participé à cet événement. A la surprise générale, les "marcheurs" ont été "chargés" par des éléments de la police.

Vendredi 19 février, les organisateurs de la "démontration" ont tenu une «réunion d’évaluation» afin de faire le point. Présents, Albert Moleka et Jean-Marie Bomanza respectivement porte-parole de l’UDPS, «acteur politique», «ont invité les dirigeants du pouvoir en place à respecter les prescrits de la Constitution en ce qui concerne les manifestations politiques dont les marches populaires dans la mesure où la loi demeure au-dessus de tout citoyen congolais». Membre du comité organisateur, Abbé Faustin Kwakwa était également présent à cette rencontre.

La légalité

Situant l’événement, Albert Moleka a rappelé que la marche organisée le 16 février 1992 avait pour but d’arracher au "régime dictatorial" de feu le maréchal Mobutu la tenue des travaux de la Conférence nationale souveraine. Evoquant l’intervention policière du mardi 16 février 2010, il a dénoncé «la brutalité avec laquelle des éléments de la police ont réprimé cette manifestation légale et pacifique» en soulignant au passage que «le peuple congolais est déterminé à bannir la peur et surtout à revendiquer ses droits chaque fois qu’il le faudra.»

Jean-Baptiste Bomanza à enchaîner en démontrant que toutes les dispositions ont été prises par les organisateurs afin de se conformer à la légalité. Selon lui, une lettre ad hoc a été adressée aux autorités compétentes afin de les informer «comme l’exige la Constitution.» Bomanza de souligner que «la Constitution ne dit pas qu’il faut au préalable une autorisation quelconque pour ce genre d’activités».

A L’Abbé Kwakwa a, pour sa part, rappelé que cette marche est une "initiative" des chrétiens et des représentants des forces sociales. " Ces chrétiens ont voulu apporter quelque chose pour la reconstruction de l’Etat car l’évangile présente un programme de société pour le bien du peuple", a-t-il relevé.

Brutalités policières et viols

police_kinLes organisateurs de la «manif ‘» ont par ailleurs fustigé des cas de brutalités policières et de viols. Sans omettre plusieurs cas d’extorsion d’objets personnels. Des représentants des forces politiques avaient participé à cette marche. C’est le cas notamment de Clément Kanku wa Tshibwabwa et Martin Fayulu, respectivement député national (UN) et député provincial de Kinshasa.

On rappelle que, le mardi 16 février, des représentants des forces politiques et sociales ont organisé une «marche pacifique en vue d’honorer» la mémoire des chrétiens tués en 1992. La marche a débuté au siège de l’UDPS pour se terminer à la paroisse Saint Joseph au quartier Matonge, dans la commune de Kalamu.

C’est au moment de la célébration eucharistique qu’une escouade de la police a chargé les «marcheurs» trouvant en face d’elle une «farouche résistance». Haranguant les «marcheurs», le député provincial Martin Fayulu a invité ceux-ci à résister. "C’est le courage des martyrs du 4 janvier 1959 ainsi que celui de Simon Kimbangu qui ont amené le pays à l’indépendance ", martelait-il avant d’ajouter
que " le peuple dit non au semblant de démocratie qui règne avec le régime au pouvoir actuel, c’est ce qui justifie la raison de cette marche". Surpris par cette combativité inattendue, certains agents de police ont cru faire peur en tirant des coups de feu en l’air. Selon des témoins, c’est l’intervention du bourgmestre de la commune de Kalamu qui a fait baisser la tension ambiante. Ce n’est qu’après que la messe prévue a pu être célébrée.

Autorisation ou information?

«L’Union pour la nation n’a pas reçu l’autorisation de cette marche, réagissait le ministre de la Communication et des médias, Lambert Mende Omalanga, porte-parole du gouvernement. On ne peut pas demander à une police sérieuse d’autoriser une marche non autorisée".

Le ministre Mende s’est livré manifestement à une appréciation erronée. Le deuxième alinéa de l’article 26 de la Constitution promulguée en février 2006, oblige les organisateurs des manifestations publiques à «informer» les autorités compétentes. Il n’est nullement question d’ "autorisation" à obtenir auprès de ces dernières. Les juristes s’accordent à reconnaître que ces autorités sont réputées «informées» dès qu’un accusé de réception - généralement sous forme de cachet d’entrée - est apposé sur une des copies de la correspondance.

Intolérance politique

MLCaccuseKabilaDepuis l’organisation des élections générales de 2006, le pouvoir kabiliste fait preuve d‘une intolérance digne d’une république bananière. Toute forme de contestation dans les médias ou sur la voie publique est réprimée. L’organisation de manifestations publiques ressemble de plus en plus à un parcours du combattant pour les acteurs politiques. Sauf naturellement pour les formations politiques appartenant à la mouvance kabiliste. Les militants de l’UDPS en savent quelque chose.

Président de l’Union des Républicains (UR), Norbert Luyeye, a été détenu durant plusieurs mois dans un cachot de l’ANR (Agence nationale de renseignements) avant d’être transféré, en avril dernier, au parquet général près la Cour d’appel de Matete où il a été inculpé d’«atteinte à la sûreté de l’Etat». Son crime ? Il a dénoncé, au cours d’un point de presse, l’intervention des troupes de l’armée régulière du Rwanda sur le sol congolais dans le cadre de la très nébuleuse opération «Umoja wetu».L’objectif paraît clair : museler les contre-pouvoirs.

B.A.W

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