RDC- Présidentielle: Révélations de WikiLeaks sur Léon Kengo
Le site WikiLeaks ressemble à une mine d’or pour tous ceux qui désirent réunir le maximum d’informations sur la République Démocratique du Congo et les membres de sa classe politique. En cette période préélectorale, un câble intéresse particulièrement les Congolais. C’est celui consacré à un de leurs décideurs politique, Léon Kengo wa Dondo pour ne pas le citer, un vieux routier de la politique depuis l’époque de Mobutu. L’analyse est attribuée à l’ambassadeur américain William Garvelink.
A en croire WikiLeaks, celui qui passait pour « l’homme de la rigueur » sous le règne du MPR, Pari-Etat, rêve de la magistrature suprême depuis janvier 2010. Il ne s’agit donc pas d’une ambition née de la dernière pluie, ainsi que le révèle ce télégramme dont le contenu vient d’être publié par Wikileaks. « Le Président du Sénat, Kengo wa Dondo, a contre toute attente approché des diplomates des Etats-Unis, à Kinshasa et de l’UA à Addis-Abeba pour solliciter de l’assistance aux fins de lui faciliter des rencontres avec des officiels de haut rang du gouvernement des Etats-Unis au cours de son prochain voyage à Washington. L’un des politiciens les plus habiles du Congo, Kengo est le seul membre de l’opposition à occuper une fonction de haut rang dans le gouvernement de la République Démocratique du Con go. Je crois qu’il est en train d’évaluer si les Etats-Unis l’appuieront dans l’éventualité d’une candidature à la présidence. en 2011 », lit-on.
Selon WikiLeaks, la tentation de postuler pour la magistrature suprême du pays gagne Léon Kengo lorsqu’il se rend compte que l’opposition politique se trouve pratiquement à la dérive, en janvier 2010, à un moment où Jean-Pierre Bemba ronge son frein au Centre pénitencier de la CPI (Cour pénale Internationale) et où Etienne Tshisekedi, leader de l’UDPS, est présenté comme mourant à Bruxelles. On peint Kengo comme un fin politicien décidé à mettre à profit à la fois les faiblesses de l’opposition et la visibilité fort discutable de 5 chantiers de Joseph Kabila.
Discret comme pas deux, celui qui préside encore le bureau du Sénat insiste pour que son voyage à Washington ne soit connu d'un des employés congolais de l’Ambassade des USA à Kinshasa, et surtout pas de l’ambassadeur de la RDC à Washington. WikiLeaks révèle que Kengo sollicite à cette occasion le concours de l’ambassadeur William Gavernink, afin qu’il puisse arranger pour lui des entretiens avec des officiels américains de haut rang. Mais le diplomate, aux dires de WikiLeaks, aurait déconseillé au Département d’Etat de telles rencontres, pour ne pas indisposer à la fois les gouvernement congolais et américain. De son point de vue, avant tout accord dans ce sens, Kinshasa devrait en être pleinement informé au préalable.
Léon Kengo, indique WikiLeaks se sait fortement handicapé par ses origines : il est né d’un père polonais et d’une mère tutsi rwandaise. Aux yeux de nombreux Congolais qui n’ont toujours pas digéré les guerres d’agression contre le Congo parrainées par le Rwanda entre 1996 et 2003, Kengo ne serait pas le cheval rêvé pour un ticket présidentiel. Au plan politique, il traîne comme un boulet, son passé de fidèle lieutenant du maréchal Mobutu, dont il fut Premier ministre à trois reprises (1982-1986 ; 1998-1990 et 1996-1997), Procureur Général de la République, Ambassadeur, membre du Bureau Politique et du Comité Central du MPR. Aussi chercher-t-il à s’assurer absolument le soutien des USA, afin que sa candidature, môme boudée par l’opinion intérieure congolaise, ne soit pas torpillée à l’extérieur.
En dépit de sa congolité partielle, il est crédité d’un passé de partisan de l’économie libérale, très écouté dans les milieux des instituions de Bretton Woods (Fonds Monétaire International et Banque Mondiale), Côté carnet d’adresses, il fait partie de personnalités politiques congolaises parmi les plus connues et les mieux cotées à l’étranger.
WikiLeaks met en garde quiconque pourrait minimiser le poids politique de Kengo dans le Congo d’aujourd’hui. Il rappelle que bien que n’étant pas de la même famille politique que le Chef de l’Etat, il a réussi à entretenir de bonnes relations professionnelles, voire amicales avec Joseph Kabila, pendant ses cinq ans de gestion du Sénat.
Fin et dangereux adversaire politique, relève WikiLeaks, Kengo avait surpris tout le monde en 2007 en battant Léonard She Okitundu, le candidat de Joseph Kabila, dans la course à la présidence du Bureau du Sénat. Kengo, c’est donc un animal politique à craindre, à 77 ans bien sonnés.