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LOSAKO
10 juillet 2012

«Joseph Kabila». Vous avez dit «garant de la nation»?

kabila11A l’occasion du 52ème anniversaire de la proclamation de l’indépendance du Congo, «Joseph Kabila» est sorti brièvement de son silence assourdissant. Un silence qui suscite des commentaires en sens divers au moment où la province du Nord Kivu est transformée, depuis trois mois, en "zone de guerre" où s’affrontent des mutins étiquetés CNDP et l’armée congolaise (FARDC). Dans un message à la nation - comme à l’accoutumée insipide, incolore et sans saveur -, l’homme qui s’accroche au poste de président de la République a déclaré, sans rire, que la sécurité des personnes et des biens constitue, pour lui, «la priorité des priorités». Il est tentant de se demander si «Joseph» et ses «plumes» prennent la peine de peser le poids des mots à utiliser. Il est tentant également de s’interroger si l’homme qui trône au sommet de l’Etat congolais est conscient de l’ampleur de ses responsabilités en tant que chef d’un Etat.

Garant de la nation

«Le président de la République est le chef de l’Etat. (…). Il est le garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire, de la souveraineté nationale (…)», énonce l’article 69 de la Constitution du Congo démocratique. C’est quoi donc un «garant» ? «Personne dont l’obligation consiste à assurer à une autre (le garanti) la possession utile et paisible d’une chose et à lui payer une indemnité dans le cas où cette possession viendrait à être troublée», peut-on lire dans le dictionnaire Quillet. Le vocable «garant» renvoie à l’idée de "défense".

Garantir la paix et la tranquillité. Protéger le territoire national contre toute invasion étrangère. Ce sont là les fonctions fondamentales de l’Etat. Pour accomplir ces missions, le chef d’Etat français porte le titre de «chef des armées». Aux Etats-Unis, le président devient, en temps de guerre, le «commandement en chef» des armées. La loi fondamentale congolaise ne dit pas autre chose. «Le président de la République est le commandant suprême des Forces armées (…) », proclame le premier alinéa de l’article 83.

Depuis bientôt trois mois, l’armée congolaise (FARDC) affronte des mutins, étiquetés CNDP, regroupés au sein d’une organisation dénommée «Mouvement du 23 mars» (M23). Selon des organisations non gouvernementales et des experts onusiens, ces mutins sont soutenus par des officiels rwandais. Les "forces loyalistes" peinent à mettre ces insurgés hors d’état de nuire. «On suspecte le Rwanda de soutenir les mutins simplement parce que les FARDC sont incapables d’en venir à bout», ricanait, mercredi 27 juin, le chef de la diplomatie rwandaise Louise Mushikiwabo. La guerre qui se déroule dans la province du Nord Kivu est manifestement mal gérée par «Joseph Kabila» et tous les «généraux» affairistes, mafieux et incompétents qui l’entourent. C’est le cas particulièrement du chef d’état-major des Forces terrestres, le «général» Amisi Kumba.

"La sécurité, priorité des priorités"

Paul_Kagame_Joseph_Kabila_3Pendant que "du sang et des larmes" coulent au Nord Kivu, «Joseph Kabila», lui, se fait invisible. Il se prélasse dans ses nombreux "ranchs". Sous d’autres cieux, le chef de l’Etat, en sa qualité de «garant de la nation», serait monté au créneau pour rassurer la population par sa présence constante. Il tiendra l’opinion amplement et régulièrement informé pour décrire la situation de crise et les actions menées sur le terrain pour rétablir la paix civile. Rien de tel n’a été fait. Le président reste aphone. On l’a vu arborer un grand sourire à Bujumbura aux côtés du Prince Philippe et la Princesse Mathilde.

Avant de prendre son avion pour aller au Burundi, "Joseph" s’est adressé aux Congolais. A l’occasion du 52ème anniversaire de la proclamation de l’indépendance du Congo, il est sorti de manière furtive de son silence pour prononcer une brève allocution à la nation. C’était le jeudi 29 juin. A en croire
«Kabila», la guerre qui secoue la province du Nord-Kivu serait l’œuvre «des inciviques, manipulés par des forces obscures, nationales et étrangères». Qui sont ces inciviques? Ils sont manipulés par qui ? Silence radio. Quelles sont les mesures prises par les pouvoirs publics pour neutraliser ces "inciviques" et rétablir la paix et l’autorité de l’Etat dans cette partie du pays? Pas un mot. «Joseph Kabila» s’est contenté d’assurer «les frères et sœurs ainsi déstabilisés de notre compassion, de notre soutien et de notre solidarité». C’est tout? Ajoutant qu’il rassure «les uns et les autres qu’en sa qualité de garant de la nation, la sécurité n’a pas de prix et demeure», pour lui, «la priorité de ses priorités». «Nous défendrons notre pays et nous en ferons un havre de paix», a-t-il ajouté en soulignant que «les actions militaires, politiques et diplomatiques vont se poursuivre, (…)». Il est vrai que la "guerre" a toujours constitué un bel alibi pour "saigner" le trésor public sous l’imputation de "dépense de souveraineté".

Ancien bras droit de l’actuel ministre rwandais de la Défense, James Kabarebe, à l’époque où celui-ci dirigeait les opérations militaires de l’AFDL dans l’ex-Zaïre, «Joseph Kabila» fait preuve d’une extrême frilosité chaque fois qu’il s’agit de regarder le Rwanda de Paul Kagame dans le blanc des yeux. L’homme a envoyé au charbon quelques «aboyeurs de la Répiblique» - tel que Lambert Mende – pendant que, lui, reste muet. Dans un communiqué daté du mardi 3 juillet 2012, l’association de défense des droits de l’Homme «La Voix des Sans Voix» s’est fait le «porte-parole» de l’opinion nationale en invitant «le chef de l’Etat (…) à s’assumer en tant que garant de la nation et de l’intégrité territoriale en s’investissant, sans faille et avec une forte détermination pour le rétablissement de l’autorité de l’Etat à l’Est de la RD Congo sinon il porterait sur ses épaules les lourdes conséquences des crimes y perpétrés et surtout de toute matérialisation de la partition de la RDCongo». Dans ses recommandations, la «VSV» a exhorté la population congolaise à «demeurer vigilante, solidaire et mobilisée à tout moment en vue de faire échec aux conspirateurs de la partition de la RDCongo».

Quelle est la situation sur le terrain ? Dans un communiqué daté du 1er juillet 2012, revêtu de la signature de Vianney Kazarama, le « M23 » indique que «l’armée gouvernementale (Ndlr : les FARDC) a repris son offensive contre les positions tenues par nos forces dans le territoire de Rutshuru». Le samedi 1er juillet, poursuit le texte, «un bataillon FARDC appuyé par une unité d’artillerie a attaqué par surprise nos positions à Ntamugenga. (…), les forces d’agression ont été mises en déroute (…) ». «Nous rappelons que notre position n’a pas changé : nous n’avons pas l’intention de poursuivre cette guerre ni de conquérir des espaces sauf si les forces en face nous y contraignent et que la précarité de la sécurité de nos populations se prolonge. Nous continuons à exiger une solution négociée au différend qui nous oppose au gouvernement pour épargner nos populations des affres de la guerre».

Vous avez dit, "garant de la nation"?

2586300497Cela fait trois mois déjà que les FARDC tentent sans succès de déloger les insurgés du M23 de leur "sanctuaire". Le soutien du Rwanda à ces "rebelles" n’explique pas tout. En réalité, les FARDC sont infiltrées, à divers échelons, par des individus à la loyauté douteuse. Des individus qui n’ont aucune attache psychologique avec le pays. Un pays qui n’est pas le leur. Dans une interview accordée à l’hebdomadaire «Jeune Afrique» n°2686 daté du 1er juillet 2012, le ministre congolais des Affaires étrangères confirme de manière implicite cette "infiltration" en déclarant que l’opération militaire en cours au Nord Kivu «est notamment conduite par d’anciens éléments du CNDP». L’état-major général des FARDC a donc confié à des éléments du CNDP la mission stratégique de pourchasser des mutins qui sont en réalité leurs «frères d’armes». Naïveté? Betîse? On apprend par ailleurs que les FARDC avaient intégré dans leurs rangs «près de 4.500 éléments du CNDP».

On ne le dira jamais assez que la crise qui prévaut au Nord Kivu est gérée par des mains inexpertes. Des apprenti-sorciers civils et militaires qui ont engagé le redoutable pari de prendre le Congo en otage. A quelque chose , malheur est bon. «Joseph Kabila» vient une fois de plus de confirmer son inaptitude à assumer la fonction de chef de l’Etat. L’homme parait s’accrocher à un poste dont il n’a ni la compétence encore moins les ressources morales et intellectuelles. Peut-on se prévaloir du titre de président de la République juste pour jouir des privilèges et avantages qui s’y attachent? Vous avez dit, «garant de la nation»?

Baudouin Amba Wetshi

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  • Le porte-voix de tous ceux qui cherchent vainement dans quel forum de ce monde, ils peuvent se faire entendre.. Oui, je veux donc parler au nom de tous les « laissés pour compte » parce que « je suis homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger ».
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