Bemba, l’exemple par l’action...avait-il le choix ?
Des hommes d’Etat de la carrure et du
calibre de Bemba, l’Afrique en a tant besoin. C’est cette espèce rare qui fait
défaut au continent africain. En un mot, le mal de l’Afrique se trouve dans
l’incapacité de certains de ses acteurs politiques à être « sel
».
Heureusement que la providence révèle quelques rares spécimens pour en
faire des modèles. Certes, on peut lui trouver des défauts, comme sa grande
gueule, ses méthodes fortes, mais on ne pourra jamais lui reprocher d’avoir
brûlé son pays. Bemba est un patriote.
Pendant qu’observateurs, analystes
et autres chroniqueurs politiques prédisaient le sang, le feu, la barbarie après
l’élection historique du 29 octobre 2006 en RD Congo, Bemba plus que Kabila, a
montré le chemin de la concorde et de la paix pour son peuple en acceptant
humblement sa défaite.
La voie républicaine dans laquelle il s’inscrit
est un engagement volontariste qui augure des lendemains de stabilité, de paix
et de démocratie. Et pourtant, la tentation était grande et facile de céder aux
sirènes du bras de fer avec les dangers que représente une telle entreprise
périlleuse. Fort de ses 42% des voix, Bemba pouvait jouer au mauvais perdant, au
trublion et exiger le partage du pouvoir.
En Afrique, ce ne sont pas les
exemples qui manquent pour stigmatiser les mauvais perdants. Les candidats
malheureux qui ont mis le feu à leur pays après des élections perdues sont
légion. Ce sont ces politiques qui font la honte de l’Afrique, la ridiculisent
et donnent à nos démocraties, des couleurs d’exotisme. Cet exemple de Bemba va
faire réfléchir ces rigolos politiques qui ne peuvent dépasser la barre de 1%
lors des consultations électorales et qui sont près à dénigrer et à appeler à la
désobéissance civile. Le fair-play n’a pas été vidé de son contenu. Ainsi, Bemba
ouvre la voie à une nouvelle génération de politiques africains (jeunes,
intellectuels, populaires) qui veut et peut redorer le blason du continent
noir.
Kabila a certes gagné par la voie des urnes, mais Bemba n’a pas
perdu. Il a bénéficié d’une côte de crédibilité et de sympathie à travers le
monde, qui oblige Kabila à revoir toute sa stratégie politique. Il est condamné
à faire mieux que son challenger. Tous les deux ont su se mettre à la hauteur du
défi, celui d’engager leur pays sur le difficile chemin de la
démocratie.
Bemba a joué sa partition. Il n’a pas cherché à savoir ce que
son pays peut faire pour lui, il a plutôt fait ce qui se doit pour son pays. A
Kabila de se distinguer comme un rassembleur.
Face à une telle embellie
politique dans une Afrique à la croisée des chemins, nous ne pouvons que
souhaiter le meilleur pour la RD Congo et prier pour que Bemba n’assassine pas
son propre « modèle » par des revirements et que Kabila ne se laisse pas griser
par sa victoire électorale.
La RD Congo et l’Afrique ont besoin de ces
nouveaux leaders qui mettent en avant leur patrie. Que Bemba, Kabila et la RD
Congo s’illustrent dorénavant comme une expérience démocratique réussie avec des
actes qui confèrent à la République ses lettres de noblesse !