Comme feu le maréchal Mobutu...Bemba et Tshisekedi en exil (?)

Tshisekedi et JP Bemba hors du pays, l’opposition politique conserve ses marques face au pouvoir

Le chef charismatique de l’opposition politique en RDC, Etienne Tshisekedi, et le leader de l’Union pour la nation (UN), Jean-Pierre Bemba, se sont envolés samedi 7 et mercredi 11 avril à destination de l’Afrique du Sud et du Portugal.

Malgré une curieuse coïncidence, les soins médicaux invoqués par les deux personnalités pour justifier leur départ à l’étranger ne devraient susciter, en principe, aucun débat.

Mais, voilà ! Tshisekedi ou Bemba, comme l’a fait remarquer un observateur diplomatique, « ce n’est pas n’importe qui », quand bien même le second se soit engagé à n’avoir aucune activité politique sur le territoire portugais durant son séjour de deux mois.

LANGAGE DES SOURDS

Le pouvoir peut, tout aussi opportunément, se sentir « débarrassé momentanément » de deux fortes personnalités de l’opposition, l’une pour son « indiscutable aura » sur la scène politique, et l’autre pour le « danger militaire » qu’elle semble représenter.

Au cours de l’entretien que le ministre belge des Affaires étrangères a eu mardi avec des députés congolais, le président de l’Assemblée nationale et celui du groupe parlementaire du Mlc ont salué les relations harmonieuses qu’entretiennent les deux familles politiques à la Chambre basse du parlement, où deux des sept commissions permanentes sont présidées par l’opposition.

Mais, c’est hors du Palais du peuple, selon le message de François Muamba à Karel De Gucht, que seraient localisées les tracasseries faites aux cadres et militants de l’opposition politique.

« La confiance peut être restaurée rapidement entre les deux familles politiques si les tenants du pouvoir arrivent à établir clairement devant l’opposition et l’opinion publique leur qualité de démocrates et de républicains », a estimé en début de semaine un autre député du Mlc.

Radiookapi.net rapporte que le secrétaire exécutif Thomas Luhaka, invité de l’émission « Dialogue entre Congolais », a demandé en début de semaine que « ceux qui sont au pouvoir puissent rassurer qu’ils sont des républicains, à commencer par le chef de l’Etat et les membres du gouvernement. De même, les structures chargées de la sécurité doivent prouver qu’elles sont républicaines (…), les Forces armées et la police doivent prouver qu’elles ne sont pas au service des intérêts d’une seule famille politique au pouvoir ».

Un autre invité de la même émission, membre de la famille politique du chef de l’Etat, s’est inscrit en faux contre le doute exprimé par le Mlc sur le caractère démocrate et républicain voire sur la volonté des tenants du pouvoir à jouer loyalement le jeu démocratique.

«Le fait que l’honorable Thomas Luhaka soit en train de parler librement aujourd’hui, (qu’) au parlement, tous les députés qui l’accompagnent au niveau du groupe parlementaire dont il est l’un des principaux animateurs, s’expriment librement, dirigent de grandes commissions parlementaires, est une indication que nous sommes dans la concrétisation de cette reconnaissance des droits de l’opposition», a rétorqué Lambert Mende Omalanga cité par Radiookapi.net.

« L’opposition doit faire ce qu’elle dit. Elle ne peut pas dire une chose et faire le contraire », a souligné le porte-parole adjoint de l’Alliance de la majorité présidentielle (AMP).

L’OPPOSITION « PAS ORPHELINE »

Etienne Tshisekedi et Jean-Pierre Bemba retenus à l’étranger pour quelques semaines, ont-ils raison ceux qui pensent que l’opposition politique est orpheline de ses leaders ?

« L’opposition politique n’est pas et ne peut pas être orpheline, dans la mesure où elle est plurielle et bien structurée », assure-t-on dans ce milieu, citant en exemple l’Union pour la démocratie et le progrès social (Udps).

« Vous remarquerez dans l’Udps que ce sont le président du comité national Valentin Mubake et le secrétaire général Rémy Masamba qui sont aux avant-postes lorsque, depuis la dernière déclaration officielle de Tshisekedi sur le processus électoral, le parti doit prendre position sur la situation prévalant en RDC », a rappelé un acteur politique ayant requis l’anonymat.

Du côté du Mouvement de libération du Congo (Mlc), on retrouve le secrétaire général François Muamba et le secrétaire exécutif Thomas Luhaka au four et au moulin dans la plupart des concertations politiques stratégiques.

Quant à l’Union pour la nation (UN), aujourd’hui la plate-forme de l’opposition institutionnelle, elle n’est pas restée inactive durant les trois semaines que Jean-Pierre Bemba s’est « réfugié » dans une résidence de l’ambassade de l’Afrique du Sud à Kinshasa.

En outre, « n’avoir aucune activité politique au Portugal » ne devrait pas empêcher le président de l’UN d’avoir des contacts téléphoniques avec le monde politique du monde.

Quant au lider maximo Etienne Tshisekedi, les soins médicaux ne constitueront nullement un obstacle majeur à son action politique, surtout après avoir enregistré un soutien de la communauté internationale à son appel incessant en faveur du « dialogue » et des « négociations » entre acteurs politiques congolais.