Losako Royaliste... Une issue très aléatoire mais royale!

Le scénario le plus plausible est évidemment un second tour entre Sarkozy et Royal. Mais ce ne serait pas la première fois que tous les pronostics sont déjoués. Les enjeux, en revanche, apparaissent clairement et ne sont pas minces.

Attention, casse-cou. Avec une quinzaine de millions d'électeurs indécis ou hésitants, tout pronostic sur l'issue du premier tour des présidentielles est hautement aléatoire. Les deux derniers sondages publiés en France vendredi l'ont montré jusqu'à la caricature : la seule chose qu'ils ont confirmée est la scission des douze candidats en deux équipes : quatre gros et huit petits faisant de la figuration.

Pour le reste, même l'ordre d'arrivée du quatuor de tête n'est pas sûr à 100 pc. Avec Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal placés respectivement à 28 et 24 pc ou à 27 et 26 pc, soit en plein dans la marge d'erreur, difficile de certifier que le candidat de l'UMP l'emportera. Identique conjecture pour le troisième homme. François Bayrou et Jean-Marie Le Pen sont-ils dans un rapport 19 pc-14 pc (auquel cas le centriste est sur la troisième marche du podium) ou dans une fourchette 17 pc-16 pc (auquel cas c'est Jean-Marie Le Pen) ?

Le scénario le plus plausible voudrait que le candidat de l'UMP remporte le premier tour, confirmant la centaine de sondages qui l'annoncent depuis l'hiver. Ségolène Royal devrait bénéficier à fond de la pression en faveur du vote utile et se qualifier au détriment de François Bayrou, dont l'électorat est le plus hésitant ou indécis. Jean-Marie Le Pen devrait au mieux réitérer son score du 21 avril 2002 sans pour autant se qualifier. Dans ce cas de figure global, le second tour Sarkozy-Royal s'annoncerait très serré.

Mais la droitisation de fin de campagne de Nicolas Sarkozy, le durcissement consécutif de son profil, et la virulence des attaques contre lui pourraient aussi effrayer à la dernière minute nombre d'électeurs de droite et le faire se tasser au bénéfice de Ségolène Royal, qui pourrait dans ce cas créer la surprise en remportant le premier tour comme Lionel Jospin en 1995. Du reste, chaque présidentielle ou presque a ménagé son lot de surprises, les Français détestant rien moins que de se voir dicter leur choix.

Le pronostic est aléatoire mais les enjeux, eux, sont clairement identifiés et potentiellement lourds d'évolutions historiques de la carte politique. Nicolas Sarkozy l'emporte et ridiculise Jean-Marie Le Pen ? Une radicalisation de la droite jamais vue depuis l'ère Pasqua des années 80 est validée. Et le FN plongé dans une crise existentielle doublée d'une guerre de succession. Ségolène Royal est privée de second tour par François Bayrou ? Le PS explose entre une aile réformatrice s'alliant aux centristes et une aile gauche faisant sécession. Le centriste échoue dans son pari ? Entre les deux tours, son UDF risque d'être soumise à de telles pressions qu'elle aussi sera menacée d'explosion. C'est Jean-Marie Le Pen qui éjecte le PS du second tour ? La répétition du séisme de 2002 menace carrément la survie de la Vè République. Enjeu plus à la marge mais pas anodin néanmoins, c'est le sort de l'écologie politique (récupérée par tous les partis) et du parti communiste (agonisant) qui se joue aussi dimanche.