RDC: les combats continuent au Nord-Kivu, lourdes pertes côté insurgés

Les combats se poursuivaient mardi sur deux fronts au Nord-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), où l'armée congolaise dit avoir tué lundi "une soixantaine" de soldats insurgés ralliés à l'ex-général Laurent Nkunda à l'ouest de Sake.

Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, s'est dit dans un communiqué mardi soir "profondément préoccupé" par la situation au Nord-Kivu.

"Il y a eu de forts combats près de Karuba (environ 8 km à l'ouest de Sake, territoire de Masisi). Nous avons engagé un hélicoptère d'attaque pour appuyer nos troupes au sol. L'ennemi a laissé une soixantaine de morts sur le champ (de bataille)" et a dû "se replier", a déclaré à l'AFP le colonel Delphin Kahimbi, commandant en second de l'armée (FARDC) au Nord-Kivu.

Selon des informations recueillies par la Mission de l'ONU en RDC (Monuc) dans cette zone, les hommes de Nkunda auraient perdu, selon un bilan "provisoire", plus d'une trentaine d'hommes.

De son côté, le "général" Bwambale Kakolele, un proche de l'ex-général tutsi congolais Laurent Nkunda, a affirmé que la plupart des victimes étaient "des civils".

Après quelques accrochages dans la matinée puis une accalmie, des tirs d'arme lourde ont retenti dans l'après-midi à Kimoka, village situé à 5 km au nord de Sake, ont indiqué à l'AFP des habitants de Sake, joints par téléphone depuis la capitale provinciale Goma.

Un officier de la 15e brigade, joint sur le front par l'AFP, a confirmé la poursuite des combats vers 18H00 (16H00 GMT).

"Nous continuons à avancer. L'ennemi s'est replié sur une colline", a-t-il dit à un correspondant de l'AFP qui a distinctement entendu le bruit de détonations d'armes lourdes au téléphone.

Les FARDC ont engagé plus de 2.000 hommes dans la zone de Sake, dernier verrou avant la capitale provinciale Goma et ville dont s'étaient brièvement emparés les hommes de Nkunda en novembre 2006.

Les derniers combats autour de Sake ont fait entre "4 et 5.000 nouveaux déplacés" selon la Monuc.

Par ailleurs, des accrochages ont été signalés mardi matin dans le territoire de Rutshuru, à une quinzaine de km à l'ouest de Rumangabo (à environ 30 km au nord de Goma).

"Ce sont les hommes de (Sultani) Makenga (officier tutsi fidèle à Nkunda) qui tentent d'attaquer. Ils viennent de Runyoni (à la frontière rwandaise, plus à l'est)", a déclaré le colonel Kahimbi.

Patient Mwendenga, un proche conseiller de Nkunda, a affirmé à l'AFP que Rumangabo était "encerclé" par les insurgés, tandis que le "général" Kakolele accusait les FARDC d'être alliés dans ce secteur aux rebelles hutus rwandais des FDLR que ses troupes avaient pour mission de "déloger".

Un responsable du camp militaire des FARDC situé à Rumangabo, joint par l'AFP, a formellement démenti l'encerclement du camp, tout en confirmant que les FDLR étaient très présents, "depuis longtemps", dans cette zone.

Les deux fidèles de Nkunda ont par ailleurs nié l'implication de leurs hommes dans les sabotages d'une petite centrale hydro-électrique alimentant la zone de Rutshuru et d'une antenne relais téléphonique près de Bunagana (à la frontière ougandaise).

Sur le terrain, les FARDC continuaient mardi à déployer des troupes de brigades "intégrées" (issues du processus national de réforme de l'armée) pour repousser les hommes de Nkunda et poursuivre la traque des FDLR, accusés par Kigali d'avoir participé au génocide rwandais de 1994, essentiellement dirigé contre la minorité tutsie.

Lundi soir à Kinshasa, la RDC et le Rwanda se sont engagés dans un communiqué conjoint à "tout mettre en oeuvre pour que les (rebelles hutus rwandais) désarment et rentrent au Rwanda".