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LOSAKO
12 octobre 2007

Les députés appelés à plus de responsabilité

Crash, Kiakwama crève l'abcès ! (Extrait de l'allocution)deputes_opposition

Chers Collègues

Le crash aérien survenu est une nouvelle manifestation des maux profonds qui gangrènent nos institutions et les hommes qui les animent ; le déni de la réalité, le refus du bon sens, de la transparence et de la responsabilité et enfin l’impunité, enfant de l’arrogance, du cynisme et du mépris. Arrêtons-nous un instant. Quels sont les faits ? Quelle est leur portée :


Une fois le drame survenu, on révoque le Ministre qui s’était refusé à lever la mesure de suspension et on garde celui qui lui a ordonné de laisser aller librement les cercueils volants sous prétexte que sinon leurs propriétaires perdraient de l’argent. Donc on félicite le fauteur de troubles et on sanctionne le seul qui ait eu un semblant de réflexe de bonne gouvernance.

Sur base de quelle autorité le Ministre près le Président donne-t-il des injonctions à son collègue?
A quoi sert le Conseil des ministres ? A quoi servent les comités interministériels ? Où est le Premier Ministre ? Où est le Gouvernement ?


Chers Collègues, Chers Elus de la Nation,

Chaque fois que je monte à la tribune pour dénoncer et proposer, je vous vois nombreux dans la salle, marquer votre approbation devant telle ou telle critique, devant telle ou telle proposition.
Malheureusement, chaque fois, au moment du vote, une majorité se dégage pour accepter n’importe laquelle des mesures soumises à notre examen, en dépit du bon sens et de la dynamique de la salle. En faisant cela vous votez contre vous-même, et contre votre propre intérêt.

Chers Elus de la Nation, Monsieur le Premier Ministre,

Ayons le courage d’agir dans la Vérité et la Justice. Quelle est la vérité ? La Vérité est que nous n’avons pas de gouvernement.

Si nous avions un gouvernement, il ne se contenterait pas de mesures-slogans et d’effets d’annonce. La gesticulation et les incantations ne lui tiendraient pas lieu de politique.
Si nous avions un gouvernement, chaque ministre viendrait, ici, nous expliquer sa politique et les réformes concrètes à mettre en œuvre dans son secteur.
Si nous avions un gouvernement, chaque ministre viendrait, semaine après semaine commenter, en commission ou en plénière, les avancées des réformes engagées.
Si nous avions eu un gouvernement, en même temps que la révocation du Ministre des Transports et la révocation du Ministre d’Etat, révocation que la Nation attend encore, on nous aurait annoncé au moins 6 mesures d’urgences :
1. La révocation des principaux responsables de l’aviation civile de notre pays ;
2. La remise en ordre véritable de la RVA (pas seulement le remplacement de l’ADG) en vue d’en augmenter les revenus et donc les investissements, mais aussi d’en améliorer l’efficacité des interventions, des contrôles et des sanctions ;
3. L’interdiction de vol des avions Antonov pour une durée déterminée à l’issue de laquelle seuls les avions certifiés selon des critères connus voleraient ;
4. La publication des critères pour le renouvellement des licences de vol avions et pilotes ;
5. Le plan d’investissement pour la mise à niveau de nos capacités de contrôle et de secours ;
6. Les mesures d’incitation fiscale pour favoriser l’achat et l’utilisation de matériels de bonne qualité ; qu’il s’agisse d’avions, de pièces de rechange, ou d’outillage.

Chers amis, quelle est la Vérité ? La Vérité est que nous n’avons pas de Premier Ministre.

Si nous avions eu un Premier Ministre, toutes affaires cessantes, le jour même, il se serait rendu sur les lieux du drame. Le lendemain soir au plus tard il se serait adressé solennellement à la Nation. Il aurait compati à sa douleur et à son indignation. Il aurait demandé que tous nous observions un vrai deuil national, ne fut-ce que 24h, le jour où des funérailles nationales seraient offertes à ces malheureux innocents. Ensuite il nous aurait annoncé les six mesures d’urgences évoquées que son gouvernement aurait résolu de prendre pour empêcher qu’un tel drame ne se reproduise. Puis il nous aurait expliqué à nouveau sa politique et le sens de son action. Enfin il nous aurait indiqué quelles sont les pesanteurs vécues, où sont les blocages, et ce qu’il est en train de faire pour surmonter tous ces obstacles.

Voilà ce que nous devrions avoir le courage d’exiger, tous ensemble, Chers Collègues.

Au lieu de cela nous assistons au spectacle des gesticulations d’un gouvernement indigent et des justifications navrantes qu’il présente pour ses insuffisances.
Ce gouvernement est tellement dysfonctionnel que la majorité parlementaire passe son temps à le couvrir et à empêcher le parlement et l’opposition de faire leur travail, sous peine d’être accusés d’obstruction et d’anti-patriotisme. Qu’est-ce qui se passe ?

· L’agenda parlementaire est surchargé nous dit-on, et pourtant la plénière ne se réunit que deux fois par semaine. Pourquoi ? Le Gouvernement de la République travaille à peaufiner ses projets de loi.
· La session est budgétaire nous dit-on, mais pas de budget à l’horizon. Pourquoi ? Le Gouvernement de la République travaille à faire approuver son budget par la Banque mondiale et le FMI.
· La séance hebdomadaire de question d’actualité … ça viendra !
· Les auditions des membres de l’Exécutif en commission … ça viendra !
· La moindre tentative de question orale ou écrite donne lieu à une foire d’empoigne monumentale qui, toujours, accouche d’une souris.
· Quant à l’éventualité d’une interpellation … Ah ! Une Interpellation… voilà bien un rêve inatteignable !

Bref, tous les débats sont évacués à la va-vite. Toujours la Majorité couvre. Personne ne doit s’expliquer. Personne ne doit rendre de compte. Dormez bien bonnes gens, On s’occupe de vous.

Mes Chers Collègues, Chers Elus de la Nation,

Lorsque l’on demande au Premier Ministre et au Gouvernement de s’exprimer ce n’est pas pour susciter de vaines polémiques. Ce n’est pas une faveur que nous quémandons. C’est un droit inaliénable et imprescriptible que nous faisons valoir. C’est une exigence de salubrité publique.
Nous voulons que le Gouvernement de la République s’exprime car s’il ne dit pas ce qu’il va faire, la Nation n’aura pas les moyens de savoir, d’abord si ce qu’il veut est souhaitable et nécessaire, et ensuite, s’il fait ce qu’il dit, et s’il le fait correctement.

Dans une démocratie, c’est à ça que sert un Parlement, et c’est à ça que sert l’Opposition politique.
Messieurs, ARRETEZ DE NOUS GOUVERNER DE DROIT DIVIN.
Nous sommes les Elus de la Nation. Nous devons être les aiguillions de l’Exécutif.
Le Parlement, et l’Opposition politique en son sein, peuvent, peut-être, éviter au Gouvernement de la République des erreurs fatales.
Bien entendu nous n’aurons pas toujours raison. Mais au moins le gouvernement sera-t-il obligé de faire attention, il sera obligé de préciser ses plans, de se remettre en question.

Mes Chers Collègues, Bien Chers Elus de la Nation,

Si cette fois encore, nous ne sommes pas au rendez-vous.
Si cette fois encore nous nous contentons, à la fin de ce mois, de percevoir nos nombreux avantages sans avoir rien obtenu de substantiel pour le peuple Congolais, alors les élections n’auront vraiment servi à rien, ni ce gouvernement, ni les prochains d’ailleurs…ils seraient purs ravalement de façade. Car à chaque fois on aura manqué de répondre à la question essentielle ; gouverner oui, assumer des responsabilités d’Etat au nom du Peuple congolais oui, mais pour faire quoi ? Pour quels résultats ?

Chers Amis.

Ce pays ne peut pas continuer à vivre (et à mourir) par hasard.
Quel Congo voulons-nous, pour nous, nos enfants et nos petits-enfants ?
Sommes-nous prêts à en payer le prix ? Si oui, manifestons-le.

Au nom du Groupe Parlementaire des Chrétiens Démocrates je vous remercie de votre bienveillante attention.

Par Gilbert KIAKWAMA kia KIZIKI

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  • Le porte-voix de tous ceux qui cherchent vainement dans quel forum de ce monde, ils peuvent se faire entendre.. Oui, je veux donc parler au nom de tous les « laissés pour compte » parce que « je suis homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger ».
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