Frontière : les experts à Bruxelles... RDCONGO/ANGOLA
Le Musée de Tervuren a accueilli mercredi et jeudi une réunion d'experts du Congo, d'Angola, du Portugal et de Belgique, "pour l'appui documentaire à la délimitation des frontières". Début 2007, la population du Bandundu (ouest du Congo), puis la presse de Kinshasa, avaient fait état de "l'o ccupation" de onze villages congolais de la région de Kahemba, frontalière avec l'Angola, par l'armée de celui-ci. Contradictions Deux
ministres congolais s'étaient contredits sur le sujet, celui de
l'Intérieur affirmant, comme Luanda, qu'il s'agissait de territoires
angolais, celui des Affaires étrangères (qui se rétractera plus tard)
jugeant que non. La situation était d'autant plus délicate que l'Angola
est le gendarme de la région et que Kinshasa lui est redevable d'une
importante aide militaire. Mais si les autorités de Kinshasa
appuyaient la position angolaise, une commission d'enquête
parlementaire congolaise confirmait, elle, "l'o ccupation"
angolaise. Après des débats houleux et des accusations de pressions,
l'Assemblée nationale avait adopté, en juillet, le rapport Lumbala (du
nom du président de la commission d'enquête), qui confirmait la
présence militaire angolaise dans le groupement de Shayimbwanda, en
territoire congolais. Les deux anciennes puissances
coloniales, sous le règne desquelles la frontière avait été fixée, ont
fourni cette semaine à Bruxelles aux deux parties les documents en leur
possession et leurs analyses. Dans le communiqué final, Angola
et Congo ont insisté sur leur bonne entente et, lors de la conférence
de presse qui a suivi, sur le fait qu'il s'agissait seulement d'avoir "des informations supplémentaires". "Nous allons trouver une issue bilatérale", a, cependant, ajouté le vice-ministre de l'Intérieur angolais, ce qui sous-entend que la question n'est pas réglée. La
réunion s'est, de fait, terminée sans décision. Toutefois, de onze
villages, on est passé à trois : Shayimbwanda, Shakadiata et Shayingi,
localités dont la population ne dépasse pas le millier d'habitants, a
précisé un expert congolais. Trois villages contestés Les
noms des trois villages sont tshokwés, mais ils sont surtout peuplés de
Lundas. Les deux ethnies cohabitent dans de nombreux endroits du
Bandundu et existent dans les deux pays. La zone concernée,
diamantifère, a été occupée pendant vingt ans par l'Unita (ex-guérilla
angolaise; vaincue) et ne fut donc contrôlée par aucun des deux
gouvernements. Il s'agit d'une région de savane. Quatre bornes frontalières marquent la zone du différend, celles portant les numéros 20 à 23. "Le problème qui subsiste concerne la borne 21", a indiqué à "La Libre Belgique" le Pr Jean-Claude Mashini, directeur de cabinet adjoint du Premier ministre Gizenga.
"Il faut clarifier la situation le long de ce bout de frontière
d'environ 10 km, savoir positionner géographiquement les villages et
décider ensuite du sort des populations." Descendre sur le terrain Trois
députés accompagnaient la délégation congolaise : Roger Lumbala (Kasaï
oriental), président de la commission ad hoc de l'Assemblée; Schadrac
Baitsura Musowa (Nord-Kivu) et M. Selinga (Equateur). Un député du
Bandundu, Tryphon Kin Kiey, était prévu, mais n'est pas venu. Les élus congolais se sont montrés satisfaits des deux journées de travail à Bruxelles. "Nous allons maintenant descendre sur le terrain pour confronter les données géographiques reçues ici avec la réalité", a annoncé M. Lumbala à "La Libre".