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LOSAKO
6 novembre 2007

Contrats miniers : Joseph KABILA joue-t-il son avenir politique ?

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Le peuple congolais est agréablement surpris de découvrir les observations et recommandations de la Commission instituée par le Gouvernement Gizenga en vue de revisiter les contrats miniers. Dans la situation actuelle de la RD Congo, rien ne présageait la publication de cet important et excellent travail de la Commission lorsqu’on se réfère aux sorts réservés aux rapports de différentes commissions parlementaires, notamment sur le massacre des adeptes de la secte BUNDU dia KONGO dans le Bas-Congo et l’occupation de Kahemba par l’Angola.

L’honnêteté intellectuelle nous impose l’obligation de féliciter les membres de la Commission qui ont abattu un travail de haute facture. Un constat qui se dégage après la lecture de ce rapport est la leçon de nationalisme donné aux acteurs politiques par les membres de la Commission. Cette dernière ne laisse aucune autre alternative au Gouvernement Gizenga qui se trouve dans l’obligation de suivre ses observations et recommandations. Agir autrement équivaudrait à une complicité active du Gouvernement dans la criminalisation de l’économie congolaise. Le rapport stigmatise le caractère léonin de tous les contrats miniers revisités. Situation extrêmement grave pour un pays potentiellement riche qui est l’un des plus pauvres au monde à cause de l’incurie de ses dirigeants qui ont laissé se poursuivre le pillage et les pratiques maffieuses.

Au-delà de l’excellente qualité incontestable du rapport, il est intéressant de se poser des questions essentielles auxquelles des réponses précises s’imposent. Quelle sera la finalité de ce rapport ? Le Gouvernement aura-t-il le courage d’établir les responsabilités politiques et pénales qui s’imposent dans ce dossier ? Sommes-nous en droit de nous attendre à des sanctions à l’endroit de criminels et un dédommagement conséquent pour le préjudice subi par les Congolais ?

             

La finalité du rapport et les blocages en vue 

Certes, le Gouvernement Gizenga a initié cette Commission, en partie, à la suite des pressions de l’opinion publique. Mais la même opinion attend avec impatience le sort qui sera réservé à ce rapport. Toute tentative de dissimulation risquerait de provoquer des réactions imprévisibles au sein de la population. Seulement, il se fait que l’Exécutif congolais se trouve en présence d’un dossier hautement sensible qui pourrait déstabiliser les Institutions actuelles. La Commission a donné suffisamment de renseignements au Gouvernement pour permettre à ce dernier d’agir. Il y a de quoi donner des insomnies aux signataires de ces contrats ainsi qu’aux bénéficiaires de plantureuses commissions. En plus de pressions exercées sur les membres de la Commission, il y a des implications diplomatiques. Certains gouvernements étrangers ont déjà donné leurs positions. C’est le cas de Karel De Gucht, Ministre belge des Affaires Etrangères qui estimait il y a encore quelques mois que la renégociation de ces contrats serait une catastrophe pour l’Etat congolais (sic). C’est à se demander si la RD Congo est encore un Etat souverain.


Peut-on s’attendre à une réaction appropriée du Parlement congolais ?

Rien n’est moins sûr tant l’actuel Parlement congolais commence à nous habituer, soit à la langue de bois, soit à l’art de bien couvrir les abus et égarements du Gouvernement en place. En principe, le Parlement congolais (Assemblée Nationale et Sénat) réuni récemment en Congrès aurait dû se saisir de ce dossier conformément à ses attributions rappelées par Vital Kamhere, Président de l’Assemblée Nationale. Seulement, il se fait qu’après la publication de ce rapport par le Journal Le Phare, certains parlementaires de la majorité (députés et sénateurs) se disent non concernés par ce rapport initié par le Gouvernement et au nom, selon eux, de la séparation des pouvoirs entre les Institutions de la République. C’est une véritable fuite en avant pour endormir les naïfs dans la mesure où l’Assemblée Nationale garde dans ses tiroirs le fameux rapport de la « Commission Lutundula » dont personne ne veut entendre parler. Un tel comportement des Parlementaires serait ni plus, ni moins une trahison à l’endroit d’un peuple qui a fait confiance aux Parlementaires actuels lors de derniers scrutins électoraux. A cette allure, le rendez-vous de 2011 promet d’être une sanction politique en règle pour ces élus qui se soucient plus de leurs « panses » que de véritables attentes de leurs électeurs. Certains observateurs estiment qu’on ne devrait pas s’attendre à une réaction sérieuse du Parlement dès lors que certains partis de l’Alliance pour la Majorité Présidentielle (AMP) ont bénéficié de larges libéralités de la part de ces entreprises criminelles. Les Congolais n’ont pas encore oublié certaines déclarations faites en son temps.

Les responsabilités politiques et pénales

La question majeure demeure. Qui établira les responsabilités politiques et pénales de ce pillage de nos richesses du sol et du sous-sol ? A ce sujet et comme d’habitude, tout le monde risque de faire le « Ponce Pilate » en se rejetant les responsabilités. Est-il nécessaire de rappeler que la criminalisation de l’économie relève des Cours et tribunaux ? La Commission a fait l’essentiel en donnant au Gouvernement les informations dont il a besoin pour d’une part, sanctionner sévèrement les auteurs de ces contrats léonins et, d’autre part, ordonner la mise en examen des responsables congolais impliqués dans la magouille.

C’est à ce niveau que la situation devient délicate, dans la mesure où il faudrait sanctionner les « intouchables » du régime qui jusqu’à ce jour continuent à peser lourd dans les décisions au sommet de l’Etat. Tout est connu, mais par pudeur politique ou lâcheté, les responsables politiques font semblant d’ignorer ce qui se passe. En les écartant de son Gouvernement, le Premier Ministre Gizenga a fait son devoir, bien qu’il soit continuellement combattu par ces « dinosaures » d’un genre nouveau. Mais la véritable sanction, la pénale, n’est jamais arrivée, à cause de l’impunité légendaire dont ils bénéficient de la part des autorités judiciaires.

Le Chef de l’Etat, en tant que garant de la Constitution et des lois de la République, devrait intervenir pour éviter que la RD Congo devienne une république bananière où les voyous et les criminels de tout bord trouvent un terrain de prédilection pour opérer en toute quiétude. C’est vrai que le Chef de l’Etat joue son avenir politique dans ce dossier, mais les RDcongolais se posent la question de savoir comment le Président de la République peut-il lutter contre la pauvreté en laissant les criminels économiques piller son pays comme le révèle le rapport de la Commission dont il est question. S’il arrivait que le Président de la République décide de ne pas suivre les recommandations pertinentes de la Commission gouvernementale, hypothèse peu probable politiquement selon notre point de vue, le peuple congolais s’en souviendra pendant longtemps. Il ne faudra plus qu’on s’étonne de voir ce même peuple entonnez le célèbre refrain « bateki mboka », qui veut dire « on a vendu le pays ».

Nous pensons que c’est le moment de convoquer une large Table Ronde sur la gestion de nos ressources naturelles. Cette proposition avait été faite, en son temps, par la Société Civile, Forces vives. Où est passée cette Société civile? Où sont les Eglises, notamment la CENCO (Conférence Episcopale Nationale du Congo) ? La maison brûle et le moment n’est plus à la dénonciation, mais à l’action. Que l’on ne s’y méprenne pas, car le peuple congolais, malgré son extrême pauvreté, garde encore toute sa lucidité et sa capacité de réagir.

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