Bemba à Bruxelles: COMBAT FATAL ?
Jean-Pierre Bemba a quitté Faro et est depuis quelques jours à Bruxelles où il
mobilise les milieux politiques belges et les Congolais de Belgique. Karel De
Gucht l’a reçu hier lundi. Il doit aussi être l’hôte du Sénat belge.
Sa
situation politique devient difficile à tenir. Il aimerait bien rentrer au pays
pour reprendre en mains le MLC menacé d’éclatement et conduire l’opposition au
couple Kabila- Gizenga, mais il y a le PGR qui l’attend pour le faire juger. Qui
plus est, aucune institution n’a répondu aux revendications sécuritaires posées
par l’opposant en exil.
Jean-Pierre Bemba a été reçu hier lundi 5 novembre
par le ministre belge des Affaires Etrangères, Karel De Gucht, en qualité
d’homme politique et Sénateur congolais. C’est ce qu’a annoncé l’agence Belga
qui cite les services de Karel De Gucht. Jean-Pierre, qui est à Bruxelles depuis
quelques jours, mobilise le monde politique belge et les milieux congolais de
Belgique sur sa situation.
Compte à rebours
Si à partir du lundi 5 novembre, Bemba n’obtient pas
une nouvelle autorisation pour justifier son absence à la session du Sénat, son
mandat de Sénateur sera menacé. Car, selon le règlement intérieur du Sénat,
Jean-Pierre Bemba perdra son mandat en cas d’absence non justifiée à plus d’un
quart des séances d’une session plénière. Et les Sénateurs sont en session
ordinaire ouverte le 15 septembre pour se refermer le 15 décembre prochain.
Jean-Pierre a-t-il déjà introduit une nouvelle demande ?
C’est ce qu’affirme le
SG du MLC, François Mwamba. Une sollicitation du séjour de Bemba au Portugal a
été introduite au Sénat pour des raisons de force majeure. Voici donc le Sénat
tiraillé entre deux sollicitations. D’un côté, Jean-Pierre Bemba qui tient à
conserver son mandat et, de l’autre, le Procureur Général de la République qui
cherche à le lui faire ôter. Tshimanga Mukeba a effectué une sortie médiatique
en début du week-end pour dénoncer la lenteur observée dans la réponse du Sénat
à la demande sur l’invalidation de Bemba. « Dès que le Sénat aura fait son
travail, il nous reviendra de faire le nôtre, c’est-à-dire, chercher les
infractions, réunir les preuves.. ». Il parlait ainsi de conséquences des
affrontements du 22 au 23 mars 2007 ayant mis aux prises les hommes affectés à
la garde de Jean-Pierre Bemba et l’armée en plein centre-ville de Kinshasa.
C’est en ces termes que le PGR a répondu à un journaliste de radio Top Congo.
On
voit donc que si Jean-Pierre Bemba revenait au pays, il sera jugé et condamné.
Il n’est pas à exclure qu’il soit déclaré inéligible. Ainsi, Jean-Pierre Bemba
serait non partant aux élections générales de 2011. Mais pour y parvenir, il
faudrait franchir l’étape de la levée des immunités parlementaires. Une question
complexe même si, à priori, une telle motion n’aurait aucun mal à passer en cas
de vote, les adversaires de Bemba étant largement majoritaires au Sénat. Lors
que l’on écoute les uns et les autres parler, on comprend que le statu quo
actuel arrange tout le monde. C’est comme si aucune institution ne voulait aller
au-delà.
Un poste pour le perdant
Le 7 novembre, Kabila avait reçu Bemba au palais de la Nation (Checkez la vidéo ci-dessous) pour évoquer
l'après-élections. Les deux leaders s'engagaient à ne pas remettre en cause les
résultats. Sans doute a- t-il été aussi question des postes que pourraient
obtenir le perdant du scrutin et ses partisans.
Volte face
Le Président Kabila avait indiqué au cours de sa conférence de presse
du Palais de la Nation du 13 septembre, devenue d’ailleurs une référence, que
Bemba avait des problèmes avec la justice et le Sénat. Le Sénat a, il n’y a pas
longtemps, renvoyé la balle du côté du Président de la République et du
Gouvernement, les seuls en mesure de répondre aux conditions de sécurité posées
par l’opposant en exil à Faro. Quant à la communauté internationale,
particulièrement l’Union Européenne qui a financé le processus électoral censé
ramener la démocratie en RDC, elle se dit gênée de constater que le candidat qui
avait engrangé 42% de voix à la présidentielle soit mis à l’écart.
Qui va alors incarner l'opposition parlementaire ?
Aucun doute n'est permis... Jean-Pierre Bemba est le Coordonnateur naturel de l'opposition parlementaire. Pourquoi ? De un, Bemba a obtenu, selon les chiffres publiés par la Commission Electorale Indépendante (CEI), 42% de voix au 2ème tour de la présidentielle du 29 octobre 2006. De deux, son parti le MLC est, à l'issue des élections générales, la 2ème force politique de la RDC. Environ 65 députés nationaux, plus de 100 députés aux provinciales, plus d'une vingtaine de sénateurs, un gouverneur et un vice-gouverneur de province
Si une certaine unanimité se dégage pour reconnaître que l'opposition au couple
Kabila- Gizenga devait se construire autour du MLC, les violons, en revanche,
sont loin de s'accorder sur la personnalité de Jean-Pierre Bemba pour rassembler
les gens. Nombreux sont ceux qui estiment que Igwe a les défauts de ses
qualités. On dit de lui qu'il a des conflits interpersonnels avec le Président
Kabila dont il contesterait toujours la victoire. Bemba est aussi pris pour un
personnage encombrant qui aurait du mal à se mouvoir. Trop de problèmes
sécuritaires. Il n'y a pas longtemps, Etienne Tshisekedi, opposant historique à
Mobutu et aux Kabila, de père en fils, était rejeté pour les mêmes défauts.
Passons. Ceux qui tiennent à tenir Jean-Pierre Bemba à l'écart affirment, sous
le couvert de l'anonymat, que François Mwamba, actuel SG du MLC, serait un bon
Coordonnateur de l'opposition. Il est jugé beaucoup plus conciliant avec le
pouvoir et les occidentaux.
Pourtant,
Bemba a exprimé la volonté de regagner le pays et de respecter le pouvoir
établi.
Mea culpa tardif ?
Losako/La Prospérité