Interpellation : Gizenga à Matadi, Sessanga pèche par la forme !
« La forme, c’est le fond qui remonte à la surface », acquiesçait-il
hier, à l’Assemblée Nationale, à l’issue d’un débat somme toute houleux
sur l’interpellation d’Antoine Gizenga Funji.
Adhérant à la sagesse
signée Jean-Claude Vuemba, cet élu de Luiza devra d’abord se concerter
avec sa famille politique pour se conformer à la procédure, avant de
revenir, très rapidement, à la charge.
Est-ce le début de la fin pour
l’actuel Premier Ministre ? Les dés sont, apparemment, jetés. Palu-Pprd
: les adieux difficiles.
Alors que Delly Sessanga Hippung s’apprêtait déjà à dévoiler, à la
plénière d’hier à l’Assemblée Nationale, le contenu de son
interpellation du Premier Ministre, M. Antoine Gizenga Funji, un grain
de sable s’est suspicieusement glissé dans la machine. A quelques
poussières de minutes, peu avant sa montée à la tribune, une motion de
l’Honorable Emery Okundji a périclité l’essentiel de sa démarche. Ce
dernier exigeait, en effet, qu’en vertu de l’article 61 du Règlement
Intérieur régissant le fonctionnement de la chambre basse, le texte
d’interpellation présenté au bureau soit distribué, 48 heures avant,
aux Députés Nationaux. Plus loin, au cours du débat, l’Honorable
Mulayi, historien de son état, est venu, à sa manière, compliquer
davantage l’équation de cette interpellation en mettant un accent tout
particulier sur les prescrits de ce même Règlement qui, au fait, est la
bible des Députés. Il pose plutôt un problème de date.
A l’en croire,
l’article 171 du Règlement stipule que l’interpellation peut intervenir
à tout moment, au cours de la session ordinaire. Mais, en cas de
session extraordinaire, elle doit figurer, au préalable, à l’ordre du
jour. Dans le cas d’espèce, soutient-il, la motion d’interpellation de
Delly Sessanga pèche par la forme. Puisqu’elle a été introduite le 11
mars 2008 et donc, en dehors de l’actuelle session ordinaire dont les
travaux ont repris, quatre jours après, soit le 15 mars, conformément à
la Constitution du 18 février 2006. Mixées, les deux observations ont
donné du fil à retordre à la plénière. Elles ont suscité un débat somme
toute houleux.
Tshibangu Kalala du Pprd l’a, du reste, reconnu en des
termes approximatifs. Bien que partageant la trame cachée du plongeon
de Delly Sessanga lequel visait à tirer au clair la façon dont sont
gérées les affaires de l’Etat, il s’inscrit cependant en faux contre le
vice de forme. Comme ses deux devanciers, il préconise qu’il soit pris
en compte l’élément clé ; celui du respect des textes. Il serait
dangereux, explique-t-il, de se laisser emporter dans cette démarche
sans, dès le départ, prendre toutes les précautions.
Normalement, cette
querelle d’interprétation des textes, s’il faut l’appeler ainsi, ne
saurait connaître son dénouement que si et seulement, la Cour Suprême
de Justice, le dernier rempart de la justice congolaise, du moins dans
sa configuration d’avant la naissance de la cour de cassation, du
conseil d’Etat et de la cour constitutionnelle, arrivait à trancher.
Tirant de leçon, Tshibangu Kalala quitte le champ du droit. Il
conseille à Sessanga de se conformer aux termes de l’article 171.
Sur
la même lancée, Jean-Claude Vuemba, le très désormais bras droit de Ne
Mwanda Nsemi, coupe court. Il trouve une voie de sortie. Devenu sage,
dit-il, il recommande à Sessanga un minimum d’élégance politique. Au
juste, il lui demande de reconsidérer son interpellation en intégrant
les idées issues de la dynamique du débat. Chose que l’intéressé ne
tardera pas à faire. Au bout du compte, Delly Sessanga s’est incliné ;
laissant ainsi prospérer les chances d’introduire, dans les tout
prochains jours, une interpellation juridiquement fondée et
politiquement mûrie. Après tout, rien n’altèrera le but poursuivi.
Tôt
ou tard, le Premier Ministre devra fixer l’opinion nationale sur des
questions d’intérêt général. En attendant, cet élu de Luiza oeuvrant
sous les couleurs du Mouvement de Libération du Congo, parti de
Jean-Pierre Bemba Gombo, candidat malheureux de la présidentielle du 30
octobre 2006, a pris l’engagement de consulter sa famille politique
pour rectifier le tir. Très prochainement, il reviendra à la charge,
une fois son interpellation ressassée.
BDK, vers une table ronde sur le Bas-Congo
Kamhere toujours vital l’a annoncé hier en des propos quelque peu
voilés. Il livrait, au fait, aux Députés le secret de ses entretiens
séparés avec les Députés Ne Kongo et Ne Mwanda Nsemi, Chef Spirituel de
Bundu dia Kongo. Kamhere estime, par ailleurs, que nul n’osera trouver
de solution aux problèmes qui se posent avec acuité dans la province du
Bas-Congo. Seuls, alors seuls, les Ne Kongo, eux-mêmes, sont qualifiés
pour planter les jalons qui serviront de sésame à la restauration de la
paix dans cette partie fort troublée du pays. Indépendamment de toute
procédure judiciaire qui, raisonnablement, peut intervenir n’importe
quand, le Président de l’Assemblée Nationale est de ceux qui pensent
qu’il faut mettre les Ne Kongo autour d’une table.
A l’instar de ce qui
s’est passé à Goma, il ne trouve aucun vibrion quant à l’idée longtemps
caressée par les fils de ce coin du pays, de tabler sur leurs
dissensions internes. Ne dit-on pas que les linges sales se lavent en
famille ? Ce serait également une occasion, pour l’Etat congolais,
d’affirmer son autorité sur un groupe compact que de compter sur la
bonne foi de quelques personnalités éparses.
Le mardi 25 mars prochain,
Denis Kalume Numbi, Ministre de l’Intérieur, est attendu, à cet effet,
à l’assemblée nationale pour éclairer les lanternes des Députés sur les
événements tragiques de Seke-Banza, Luozi, Kisantu et consorts. Ne
Mwanda Nsemi, l’illuminé de Bundu dia Kongo, ce groupe spirituel aux
connotations messianiques, donnera sa version des faits sur la même
question. Et, la plénière en tirera toutes les conclusions qui
s’imposent.
Aujourd’hui, Kabila et Gizenga à Matadi
Contrairement à une de nos dernières livraisons qui annonçait, pour
jeudi 20 mars, la tenue du conseil des ministres à Matadi, un léger
décalage néanmoins a été observé. C’est aujourd’hui, en principe, qu’il
aura lieu dans la ville portuaire. L’importance des points inscrits à
l’ordre du jour est telle qu’aucun des ministres d’Etat, ministres ou
vice-ministres n’est excepté. Pour la première fois, en une année
d’exercice du pouvoir d’Etat, Antoine Gizenga, le Premier Ministre est
obligé d’effectuer le déplacement. Le vieux lion pende, 83 ans, est
donné, dans certains cénacles politiques, pour un homme aux épaules
frêles. Pour une fois, il bouge vers le Bas-Congo. Il se départit,
finalement, de sa philosophie calquée sur le modèle de Léopold II, le
Roi des Belges, qui colonisa le Congo-Kinshasa, sans y avoir foulé les
pieds.
Aujourd’hui, il participe au Conseil des Ministres présidé par
Joseph Kabila, le Président de la République. La situation chaotique
des événements du Bas-Congo y sera certainement examinée au peigne fin.
Surtout que les BDK ont osé secoué le panier qui porte les abeilles en
mettant en berne le drapeau national, dans certains territoires et
districts dans lesquels il possède une parcelle de pouvoir mystérieux.
Le moins que l’on puisse dire est qu’il y a énormément des problèmes.
Kabila et Gizenga ont tout intérêt à s’éloigner de la capitale pour se
dire des vérités en face. Surtout que la fronde sociale en perspective
n’épargne personne. C’est une affaire de toute la coalition majoritaire
aux commandes du pays. A la saison 2011, elle en sera comptable devant
le peuple souverain.
Qui dit mieux ? La Prospérité