RDCongo: des adeptes d'un mouvement, blessés, hors d'atteinte pour les secours

De nombreux adeptes blessés du mouvement Bundu dia Kongo (BDK), qui ont fui en brousse après les opérations musclées de la police contre eux dans l'ouest de la République démocratique du Congo, ont un "besoin urgent de soins", a affirmé vendredi Médecins sans frontières (MSF).

MSF a soigné 29 personnes blessées - par balle ou arme blanche - au cours de violents affrontements entre la police et des membres de la secte politico-religieuse BDK qui conteste l'autorité de l'Etat dans la province du Bas-Congo, indique un communiqué de l'ONG.

"Mais beaucoup de blessés, dont certains grièvement, sont aujourd'hui hors d'atteinte alors qu'ils ont un besoin urgent de soins médicaux", selon MSF, qui a parcouru la province avec des cliniques mobiles au cours des 15 derniers jours.

Les équipes mobiles de MSF "ont vu des villages vidés d'une bonne partie de leur population, où de nombreuses habitations avaient été incendiées. De nombreux blessés avaient quitté les centres de santé".

Depuis la fin février, les affrontements et la répression brutale de la police, qui a systématiquement détruit des lieux de réunion et de culte du BDK, ont fait une trentaine de morts dans la province, selon des sources officielles, mais plus d'une centaine selon des sources de l'ONU et de la société civile.

Dans les régions rurales de Tshela et Kubunzi, au nord-ouest de la capitale provinciale Matadi, les équipes de MSF n'ont recensé que 30 blessés dans une quinzaine de centres de santés locaux, où elles ont laissé des kits de soins.

Il est "très difficile" de donner une estimation du nombre de blessés, car beaucoup ont fui, selon l'ONG.

Les adeptes de BDK ont fui la police, mais ils craignent aussi désormais l'hostilité de la population dans certains villages où ils régnaient auparavant en maîtres, selon des témoignes d'ONG locales et internationales.

Des habitants se sont retrouvés pris au piège des violences, selon MSF, qui rapporte que le 8 mars à Matadi, "deux enfants âgés de 2 et 4 ans ont été touchés par des balles perdues" et l'un est décédé.

L'ONG rapporte aussi le cas d'un adolescent de 14 ans, grièvement blessé par balle, admis le 20 mars à l'hôpital de Matadi, "après avoir passé deux semaines caché dans la brousse", soulignant "tous les blessés doivent être soignés, quelle que soit leur appartenance politique ou religieuse".

Bundu dia Kongo ("Royaume du Kongo") est un groupe d'opposition religieux sécessionniste très implanté dans le Bas-Congo. Il prône la restauration de l'ex-royaume Kongo, qui comprenait l'actuel Bas-Congo, une partie de l'Angola, du Congo voisin et du Gabon.

Depuis jeudi, le président Joseph Kabila est en déplacement à Matadi, où il présidait vendredi un Conseil des ministres.