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LOSAKO
14 mai 2009

Paix hypothéquée : le gouvernement pointé du doigt

image_file_1698La succession des événements ces derniers jours dans l’Est du pays mérite une réaction rapide et responsable. Ils constituent des manifestations incontestables que la République démocratique du Congo n’est pas encore sortie de l’auberge. Violences, bruits de bottes, menace de mise en cause de l’Accord de Ihussi… autant de faits s’ils ne sont pas bien gérés, risquent de faire perdre à la RDC les dividendes de «certains  enjeux ». Car après les menaces extérieures, c’est maintenant « la menace intérieure » qui risque de déstabiliser la RDC. Le Gouvernement est pointé du doigt. La proposition adoptée de l’interpellation du Premier ministre à l’Assemblée nationale tombe à pic.

Le débat intéressant suscité autour de l’existence de « Pole institute », cet institut installé à Goma pour la recherche de la paix dans la région, et qui se poursuit dans les colonnes du Journal Le Potentiel, est révélateur à bien d’égards. Ce débat permet aujourd’hui à beaucoup de Congolais de sortir d’une « certaine torpeur » pour lire les signes des temps et prendre la mesure de tous les conflits que connaît le pays, car le péril est toujours en la demeure.

En effet, au moment où à Kinshasa, le Comité national de suivi installé après la signature de l’Accord de Ihussi du 23 mars, entre le Gouvernement et le CNP, est en session d’évaluation et d’échange de vues, la violence a redoublé d’intensité au Kivu. Les FDLR ont repris du poil de la bête et s’illustrent par une violence sans précédent. Entre-temps, les autres groupes armés menacent de se retirer du programme Amani.A Beni et Butembo, ce sont des bruits de bottes. Des bandits défient l’armée régulière avant d’occuper le terrain pour rançonner et violenter les populations. Selon les premières appréhensions, l’on annonce la gestation d’une « nouvelle rébellion à Butembo ».

gisenyi07_delegation_rdcDes obstacles

Les derniers événements engendrent bien sûr des inquiétudes. L’espoir suscité par la signature de l’Accord du 23 mars, à Goma, et l’opération militaire conjointe entre la RDC et le Rwanda, commence à s’estomper.

Certes, au plan sous-régional, l’on peut parler d’une avancée positive avec la nomination des ambassadeurs par la RDC et le Rwanda. Mais ce résultat risque d’être mal interprété si sur le terrain, de nombreux obstacles subsistent. En premier lieu, les négociations entre le Gouvernement et le CNDP risquent d’achopper sur plusieurs points, notamment l’entrée des éléments du CNDP dans le gouvernement et les postes à leur attribuer.

A en croire des éléments d’information en notre possession, le CNDP réclamerait trois postes dont un, au plan provincial, et deux au niveau national. Ces postes seront attribués à un « nande », «un tutsi et un hutu congolais». Et compte tenu de l’esprit qui a prévalu lors de la signature de cet accord, le CNDP revendique le poste de « ministre de la Défense» parmi les deux qui pourraient lui être attribués.

Raisons avancées : Kinshasa manifeste de nombreuses incohérences et insuffisances dans le commandement et la gestion de l’armée. Le retard observé dans le paiement de la solde des militaires au front, l’indiscipline de certains éléments armés mais jamais sanctionnés, la fragilité de la chaîne de commandement, autant d’éléments qui justifieraient l’attitude du CNDP pour que lui soit confié ce poste-clé. Des revendications qui s’inscrivent, curieusement, dans la ligne du RCD adoptée lors de la formation du fameux gouvernement de transition. Soit.

Autre grief formulé au niveau du Gouvernement est le retard occasionné dans la mise en place de la Territoriale. L’affectation aux postes d’administration territoriale se faisant attendre, il se crée un vide qui permet à n’importe quelle «force », nationale ou étrangère, d’imposer son autorité tant sur le plan politique, administratif que militaire. Situation observée au Kivu et dans une partie de la province Orientale, dans le District du Haut–Uélé

aaaa_kabrere_numbiLa menace interne

Mais plus grave, les insuffisances au sein de l’armée, les actes de détournement de soldes non sanctionnés, la mise en place de la Territoriale relèvent de la responsabilité du Gouvernement. Or, cette situation risque de transformer le Kivu en un « no man’s land », livré aux mains de différents groupes armés et des pilleurs, toutes tendances confondues. Ce sera la somalisation du Kivu.

Le drame de cette situation est lié aux dividendes des enjeux extérieurs que la RDC pourrait perdre par suite de mauvaise gestion. Qu’il soit bien retenu que la République démocratique du Congo est condamnée, aujourd’hui, à faire preuve de «bonne gouvernance», dans le sens large du terme pour ne pas être abandonnée.

A en croire certaines indiscrétions, un message fort avait été adressé à la République démocratique du Congo bien avant l’arrivée de Barack Obama à la Maison Blanche. C’est ainsi que lors d’un entretien secret qui s’est déroulé à Washington, il avait été demandé à la RDC d’être à la hauteur de ses responsabilités politiques et d’améliorer ses relations avec ses voisins. Le cabinet Bush n’avait pas mâché ses mots pour souligner que Barack Obama n’accompagnera pas les «régimes africains corrompus et défaitistes». Que son ambition personnelle est « de réussir avec une génération de dirigeants africains travailleurs, déterminés, engagés et intègres». Comme pour convaincre les interlocuteurs congolais que ce n’était pas du bluff, il leur avait été fait remarquer que l’on n’accèderait point à la demande de l’ONU en faveur de la RDC, aux temps forts de la guerre du Nord-Kivu. D’où le refus de l’Union européenne d’envoyer des troupes au Kivu, les hésitations de l’Angola… pour ne citer que ces deux cas afin d’appuyer ce message fort.

Or, les enjeux dans la région se jouent maintenant au sein des organisation sous-régionales : la CEPGL, la CIRGL, la CEA, la SADC ainsi que la COMESA. Si Kinshasa continue à tergiverser pour ne pas imposer son autorité au Kivu et dans l’Est de la RDC à travers la réhabilitation de l’Armée afin de la rendre dissuasive et performante, et de l’Administration publique pour qu’elle soit efficiente, Kinshasa court le danger de laisser échapper tous les bénéfices qu’il devrait tirer de toutes ces opportunités.

Tout se passe comme si à Kinshasa, il y avait que des complices. Ou que l’on n’est pas du tout à la hauteur des hautes responsabilités nationales et régionales. Sinon comment expliquer « cette menace interne » plus dangereuse que la «  menace extérieure ». Cette menace intérieure se précise par cet « immobilisme du gouvernement » qui s’arrête au «  message officiel comme un simple effet d’annonce » et qui pourrait se traduire par un «  suicide collectif ». Le Potentiel

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