Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LOSAKO
25 février 2010

RD Congo: Soupçon de trafic d’uranium

uraniumDans le cadre de son émission hebdomadaire "Questions à la Une", la télévision publique belge francophone (RTBF.be) a diffusé, mercredi 17 février, une enquête sur un probable "trafic d’uranium" en RD Congo à partir de la mine de Shinkolobwe, au Katanga. Les faits rapportés dans ce documentaire ont semblé "émouvoir" une certaine opinion. Et pourtant. Il n’y a rien de bien nouveau. Le magazine bruxellois "Trends tendances" avait publié, en 2006, un éloquent article à ce sujet sous la plume du journaliste flamand Erik Bruyland. Congoindependant avait relayé ce "papier" dans une enquête, mise en ligne le 26 juillet 2009, intitulée "L’uranium au centre du bras de fer ANR/Asadho". La diffusion de ce sujet par la RTBF est néanmoins surprenante au point de vue de l’opportunité. Et ce, au moment où un certain monde politique belge - francophone en particulier - déploie des talents d’ingéniosité pour sceller la réconciliation avec le Congo de Joseph Kabila. Le conseil d’administration de la RTBF est "dosé" selon la majorité au pouvoir en Wallonie et à Bruxelles. Cet organe n’a pas manqué de donner un "avis" sur ce reportage qui ressemble bien à un brûlot...

Ci-après le texte intégral de cet article:

mines_shikoL’uranium au centre du bras de fer ANR/Asadho-Katanga

Accusé de propagation de «fausses rumeurs» par l’Agence nationale de renseignements (ANR), Golden Misabiko, président de l’Asadho/Katanga aurait été transféré au Parquet de Lubumbashi après avoir passé près de 48 heures dans un cachot de cet organisme public dont les agissements n’ont rien à envier à ceux d’une police politique. Joint au téléphone par le secrétaire général de la FIDH (Fédération internationales des ligues des Droits de l’Homme), Paul Nsapu Mukulu, l’administrateur principal de l’ANR en charge de la Sécurité intérieure (DSI), Kalev Mutond, a laissé entendre que le président de l’Asadho/Katanga aurait déclaré que la RD Congo aurait vendu de l’uranium aux régimes iranien et nord-coréen.

«Faux rapport»

Dans un communiqué publié samedi 25 juillet, plusieurs associations de défense des droits humains basées au Katanga dénonçaient «la campagne de dénigrement, d’intimidation, d’arrestation arbitraire et de détention illégale contre les responsables de l’Asadho/Katanga». Selon ces groupements, le ministre provincial de l’Intérieur, Dikanga Kazadi et l’Agence nationale de renseignements (ANR) seraient au centre de cette campagne. En cause, le rapport publié le 13 juillet 2009 par cette section provinciale de l’Asadho intitulé : ‘’Mine uranifère de Shinkolobwe : de l’exploitation illicite artisanale à l’accord entre la RD Congo et le groupe nucléaire français AREVA’’. «Il s’agit d’une matière sensible. Le président de l’Asadho/Katanga va être poursuivi pour propagation de fausses rumeurs.» C’est Kalev Mutond qui parle. Quelles sont ces rumeurs ? Selon Paul Nsapu, l’administrateur principal Kalev Mutond lui a dit qu’il est reproché à «Golden» d’avoir déclaré que la RD Congo aurait vendu de l’uranium à l’Iran ainsi qu’à la Corée du Nord. Il lui est reproché également de n’avoir pas donné suite à plusieurs convocations de l’ANR.

Rappelons que dans ce rapport - qualifié d’ailleurs de «faux» par le gouvernement de la province du Katanga -, l’Asadho locale dénonce essentiellement deux choses. Primo : la poursuite, par des creuseurs clandestins, de l’exploitation artisanale de la mine uranifère de Shinkolobwe alors que celle-ci est officiellement fermée par un décret présidentiel de 2004. L’association relève dans la foulée les conséquences au plan sanitaire du fait de la forte teneur radioactive. Et de pointer un doigt accusateur en direction notamment «des éléments de l’armée, des renseignements militaires ou T2, de la Police des Mines et Hydrocarbures, du chef traditionnel de cette contrée lesquels auraient laisser faire. Non sans un certain intérêt. Secundo : l’association a exigé la publication du contrat d’exclusivité d’exploration et d’exploitation de l’uranium congolais signé en mars 2009 entre la RD Congo et le groupe nucléaire français AREVA. Histoire de ne pas retomber dans un nouveau cas de «contrat léonin» que le pays «déplore» aujourd’hui.

Coree_du_Nord_Iran_articlephotoTransaction avec l’Iran et la Corée du Nord?

La RD Congo aurait-elle vendu de l’uranium au régime iranien? Voilà une question soulevée en 2006 par certains médias occidentaux sans susciter la moindre réaction de la part du monde occidental qui traquait Al Qaeda et les armes de destruction massive. Dans son édition datée 17 août 2006, l’hebdomadaire belge «Trends tendances» titre : «Le Congo livre-t-il de l’uranium à Téhéran ?» Citant son confrère britannique «Sunday Times» - lequel se référait à des documents des services tanzaniens de douanes -, mais aussi des sources congolaises et divers documents, le magazine belge fait état de «douze livraisons». « Selon ces mêmes documents, peut-on lire, un dénommé John Kahozi, qui serait un homme de confiance du président congolais, voyagerait entre Téhéran, Dubaï et Harare afin de régler le volet financier de la transaction via les banques iraniennes Melly Bank, Refah Kargavan et Bank Mellat.»

A en croire cette publication belge, «les montants sont passés par des comptes de la Fondation Mzee Laurent-Désiré Kabila au nom de John Kahozi à la Dubaï Islamic Bank.» Citant des éléments procédant de ses propres investigations, «Trends» de préciser que John Kahozi a séjourné le 21 novembre 2005 à l’hôtel Overview à Dubaï et du 2 au 6 décembre à l’hôtel Azadi à Téhéran après avoir accompagné un chargement via la Zambie. «A Téhéran, John Kahozi a été rejoint par l’Indien Praven Kundou, une connaissance de Katumba Mwanke, le conseiller spécial du président Joseph Kabila. (…).»

Il semble bien que les autorités diplomatiques belges étaient en possession de ce dossier. «La communauté internationale ne voulait en aucun cas mettre en péril la fragile stabilité en RD Congo», commentait à l’époque un diplomate européen. Interrogé par certains médias belges à l’époque, Karel De Gucht, alors ministre des Affaires étrangères, a reconnu avoir reçu un rapport de la Sûreté belge après l’article de «Sunday Times» : «(…), J’ai demandé une enquête complémentaire, mais dans ce second rapport de la Sûreté, datant de janvier 2006, on peut lire qu’il n’y a pas d’indications concrètes.» Pas d’indications concrètes ?

corruptionLes Frères Hammoud

Il s’est passé, depuis 2002 à ce jour, des faits troublants rapportés notamment par des agences de presse, spécialement l’AFP. Un petit florilège. Un camion transportant 30 tonnes des minerais radioactifs, près de Kolwezi, a été saisi le 4 avril 2005 par des autorités locales. Le camion, appartenait à la compagnie chinoise Hua-Shin Mining. Le chargement présentant un degré "anormalement élevé" de radioactivité a été saisi et stocké dans un dépôt minier de Kolwezi. Fin octobre de cette même année, 19 tonnes de minerais hautement radioactifs ont été saisies près de Likasi. «Mais début novembre, les convoyeurs de ces minerais qui devaient être conduits pour stockage sur le site de Shinkolobwe avaient déversé une partie des pierres dans une rivière et plus de 15 tonnes avaient "disparu", déclarait le gouvernorat , indique une dépêche de l’AFP.

Fin mai 2005, les «services» adressent un courrier confidentiel au ministre congolais de l’Intérieur d’alors, le PPRD Théophile Mbemba. La rédaction de Congoindependant.com a pu parcourir ce document. De quoi s’agit ? Il s’agit des agissements d’un certain Mohamed Hammoud, alias Momo, et de son frère Ali, commerçants à Lubumbashi. Il y est question de l’existence à Lubumbashi d’un «réseau maffieux libanais», spécialisé dans le trafic et l’exportation frauduleuse des produits miniers de la Gecamines dont de l’uranium via le poste frontalier de Kasumbalesa. «Le 5 avril 2005 à 11 heures, note le rapport, les suspects ont embarqué des lingots de cuivre, du cobalt et autres métaux précieux, dont de l’uranium. L’agitation autour de ces Libanais et le refus du gouverneur de province du Katanga de les acheminer à Kinshasa prouve à suffisance l’implication des autorités de la Présidence de la République dans ce dossier (…) ». Qui sont ces autorités ? A l’époque, tous les regards étaient tournés vers l’ex-gouverneur du Katanga et actuel bras droit de Joseph Kabila, Augustin Katumba Mwanke.

gecamines«Partenariat» Gecamines-CAMEC

Par lettre datée 29 janvier 2006, adressée à l’administrateur général de la Gécamines, la société de droit britannique CAMEC (Central African Mining & Exploration Company) s’est dit «intéressée par le gisement d’uranium de Shinkolobwe ». Spécialisée dans l’exploitation du charbon, du cobalt, du cuivre, de l’or, de la tantalite et du germanium, cette société, implantée en RD Congo, au Mozambique et au Zimbabwe, souhaitait conclure un «partenariat » avec la Gecamines via la création d’une « nouvelle société ». Parmi le staff dirigeant de cette firme, on y trouve le Zimbabwéen Billy Rautenbach. Son associé dans ce «business» n’est autre que Jaynet Kabila, la sœur du «raïs».

Début mars, des dirigeants de la Gecamines saisissent la Présidence de la République au sujet de l’offre de CAMEC en réservant…copie à l’autorité de tutelle en l’occurrence le ministre des Mines. Dans une lettre datée 29 mars 2006 adressée cette fois au ministre des Mines d’alors, Ingele Ifoto, le numéro deux de la Gécamines informe l’autorité de tutelle que la Présidence de la République a donné son accord à la constitution d’un partenariat avec CAMEC par lettre n°CAB/PR/DC/SHEO/225/BM/2006. «Cette autorisation vient de nous être accordée par la lettre du Cabinet du Président de la République reprise en référence. C’est dans ce contexte, (…) que nous préconisons une rencontre avec ce partenaire en vue d’amorcer les négociations dans le respect des procédures en vigueur à la société».

Ingele réagit vivement par correspondance datée 5 mai 2006 : «(…), je vous interdis d’amorcer une quelconque démarche tendant à engager des pourparlers avec quelque investisseur que ce soit pour une exploitation de gisement uranifère de Shinkolobwe vu que cette zone est interdite à toute forme d’exploitation par le décret n°04/017 du 27 janvier 2004 portant classement en zone interdite aux activités minières et/ou aux travaux de carrières, de la zone Shinkolobwe, située dans le territoire de Kambove, (…)».

« J’entends placer mon mandat au service de l’intérêt général, de la lutte pour la promotion de la dignité de l’homme congolais, de l’instauration de la démocratie et de la bonne gouvernance. L’Asadho Katanga se veut un espace d’écoute des véritables attentes de la population. En ma qualité de président provincial, je n’hésiterais pas à stigmatiser, le cas échéant, les dysfonctionnements qui affectent la vie socio-politique au Katanga», déclarait Golden Misabiko après son élection à la tête de l’Asadho/Katanga. C’était le 21 juillet 2007. «Il faut sauver le "soldat" Golden Misabiko», tonne un défenseur des droits humains joint dimanche soir au téléphone à Lubumbashi.

B. Amba Wetshi 

Publicité
Commentaires
Publicité
Archives
LOSAKO
  • Le porte-voix de tous ceux qui cherchent vainement dans quel forum de ce monde, ils peuvent se faire entendre.. Oui, je veux donc parler au nom de tous les « laissés pour compte » parce que « je suis homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger ».
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Catégories
Publicité