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LOSAKO
24 janvier 2011

Duplicité et Indignations sélectives

30008236Loin est l’époque où la Belgique, les Etats-Unis d’Amérique et la France s’étaient constitués en une "Troïka" pour "piloter" le processus démocratique au Zaïre de Mobutu Sese Seko. Celui-ci était "accusé" d’être non seulement un "obstacle" à la démocratisation mais aussi un "prédateur" des droits et libertés. De 1990 à avril 1997, ces trois Etats occidentaux se sont subtitués aux Congolais pour dicter jusqu’au nom des chefs de gouvernements successifs. L’interventionnisme de la "troïka" avait boosté l’opposition zaïroise d’alors.

Treize années après la chute du président Mobutu Sese Seko, des observateurs impartiaux estiment que la "jeune démocratie congolaise" avance à reculons face à la dérive autoritaire de "Joseph Kabila". C’est le retour à un parti-Etat de fait qui s’est accaparé des médias d’Etat. Le pluralisme politique n’existe que sur papier. Qu’en est-il des droits humains? Le bilan de "la décennie Joseph Kabila" est tout simplement sanglant. Contre toute attente, les membres de l’ex-troïka sont devenus "discrets". Ils portent désormais en bandoulière les principes de non- ingérence. Adieu la démocratie et les droits humains. Bonjour : la "stabilisation". Autrement dit le business. On assiste à la restauration du pouvoir dictatorial. Un pouvoir dictatorial sourd et aveugle aux desiderata de la population. Il n’est sensible qu’aux prises de position des "pays partenaires".

Plus sensible aux réactions timorées des «partenaires traditionnels» de la RD Congo qu’à la désapprobation exprimée par les Congolais, le duo Kabila-Muzito paraît imperturbable à l’idée de tripatouiller la Loi fondamentale. Le remplacement du Britannique Alan Doss par l’Américain Roger Meece à la tête de la Monusco n’a apporté aucun souffle nouveau au sein de la représentation onusienne. Bien au contraire. «Meece refuse de prendre position sur la révision constitutionnelle, s’enrage un diplomate européen. Tous les efforts accomplis par la communauté internationale vont partir en fumée au nom de certains intérêts miniers.»

joseph_kabila_barack_obamaLors de son séjour à Lubumbashi, le week-end dernier, le nouvel ambassadeur des Etats-Unis à Kinshasa, James Entwistle, a promis l’aide de son pays au processus électoral tout en soulignant la nécessité de voir tous les candidats participer aux prochaines consultations politiques «librement et sans intimidations ». Il n’a pas oublier de préciser que «les détails du processus électoral sont bien sûr une question de politique intérieure. Toutefois les Etats-Unis (...) observeront la tenue des élections avec un grand intérêt».

article_photo_1238003876223_4_0Reçu mercredi 19 janvier au cabinet du Premier ministre Muzito, l’ambassadeur de France Pierre Jacquemot, a déclaré «que son pays est attentif au débat public que suscitent les élections en RDC.» S’agissant de la révision constitutionnelle, le diplomate a fait savoir que la France «apprécie la démarche parce que adoptée par le congrès». Pour lui, «c’est une décision qui relève de la souveraineté nationale». De quelle souveraineté nationale parle-t-on dans un pays où la corruption d’Etat est devenue la règle dans les milieux parlementaires de la majorité? Le diplomate a rappelé que la France tient au respect "du calendrier électoral, à la liberté d’action et d’expression ainsi qu’à la sécurisation des acteurs avant, pendant et après le scrutin".

A Bruxelles, le président de la Chambre des députés, le socialiste wallon André Flahaut, s’est confié à l’Agence congolaise de presse. L’homme n’a jamais fait mystère de sa «sympathie» pour le président sortant congolais. Il y a quelques années, Ce gros manitou du PS avait provoqué le tollé en proposant que l’Ecole royale militaire (ERM) accorde le titre de docteur honoris causa à l’actuel chef d’Etat congolais. La révision constitutionnelle en RD Congo? Flahaut invoque la non-ingérence estimant qu’«il n’appartient pas à un responsable politique belge, quel que soit son niveau, de faire des commentaires par rapport à ce qui se passe dans un autre pays. Il peut émettre des critiques, mais quand même, ici c’est une décision d’assemblée, prise par une assemblée ». Une attitude qui tranche avec un passé récent où le monde politique et médiatique du royaume adoptait la posture de «maître d’école» en matière de démocratie et de respect des droits humains. Autre temps…

Le 14 janvier dernier, vingt étudiants de l’Université de Kinshasa ont été tués par des policiers. Aucune chancellerie occidentale n’a donné de la voix. La mission onusienne non plus. L’Occident et la fameuse "communauté internationale" viennent une fois de plus de confirmer leur duplicité qui s’illustre par des indignations sélectives...

Baudouin Amba Wetshi

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