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LOSAKO
2 mars 2007

Grève à la Gécamines

GecaminesLes travailleurs exigent le maintien à la tête de cette entreprise publique de l’actuel administrateur délégué général, Paul Fortin, dont le contrat est arrivé à terme. 

Jeudi 1er mars, la Gécamines a été secouée par une grève dans tous ses centres d’exploitation de Lubumbashi, Kipushi, Likasi et Kolwezi.  Selon des sources, ce débrayage est consécutif au non renouvellement du mandat de Paul Fortin, le directeur général. Dans le cadre de la restructuration de la Gécamines, un contrat avait été signé vers fin  2005 avec la société privée française de conseil et d’ingénierie SOFRECO pour administrer la Gécamines pendant 18 mois, et un nouveau conseil d'administration de Gécamines avait été nommé en janvier 2006. Le  plan de restructuration avalisé par la Banque mondiale consacre l’éclatement de cette société de l’Etat en plusieurs entités distinctes. Une  nouvelle société devait recevoir les actifs productifs et les accords de partenariat tandis que la société existante gardait le reste des actifs en vue de leur réalisation afin d'apurer son  passif.  C’est dans ce contexte que la Banque mondiale a procédé au financement, à hauteur de 43 millions de dollars, d’un programme de licenciement  de 10.500 travailleurs qui étaient un fardeau pour la société. La Gécamines devait être dirigée par une équipe mixte d’experts français et congolais au cours d’une période transitoire de 18 mois, dite de stabilisation. Ce n’est qu’au terme de cette période que la société devait être  scindée en deux entités dont l’une chargée uniquement de l’exploitation des mines et l’autre, de la gestion des participations. Dans le cadre de cette restructuration, Fortin fut nommé directeur général de la Gécamines. Aujourd’hui, il n’est plus en odeur de sainteté avec son employeur qui est le cabinet-conseil SOFRECO lequel veut mettre fin à son contrat. Mais le personnel ne l’entend pas de cette oreille. Pour les syndicats, depuis son arrivée à la tête de l’entreprise, les ouvriers sont payés régulièrement et reçoivent mensuellement des provisions alimentaires sous forme de sac de maïs. La question qui se pose est celle de savoir si Fortin peut être gardé à la tête de la Gécamines du moment qu’il n’a plus la confiance de SOFRECO. Mais en fin de journée, un ouvrier de la Gécamines joint au téléphone affirmait qu’un fax venait de tomber réhabilitant Paul Fortin dans ses fonctions et que la grève était suspendue. Fondée en 1906 sous le nom de Union Minière du Haut Katanga, la société dispose de concessions couvrant une superficie de 18.800 Km2, soit plus de la moitié de la superficie de la Belgique. Elle  extrait principalement du cuivre, du cobalt et du zinc. Elle sera nationalisée en 1967 sous le régime du président Mobutu qui lui donnera le nom de Société générale des carrières et des mines (Gécamines). Après plusieurs années de prospérité, la société sera confrontée, à partir des années 1980, à des problèmes financiers qui résultent d’un prix de revient élevé par suite des ponctions opérées par les pouvoirs publics, du coût élevé des préfinancements des exportations par la banque Belgolaise, des surfacturations et de l’utilisation abusive de la société à des travaux ne répondant pas à son objet social.  En  1990 survient l’effondrement de la mine de Kamoto qui prive la société d’un tiers de sa production. La Gécamines est plus que jamais  confrontée à un  manque de trésorerie, à l’obsolescence de son outil de production, à la carence de pièces de rechange et d’intrants ainsi qu’à des vols organisés de cobalt et de cuivre. La production  de cuivre continue à diminuer. Elle a régressé jusqu’à atteindre  moins de 20.000 tonnes l’an contre 441.000 tonnes en 1989 ! Pour faire face à la situation, le gouvernement décide, à partir de 1995, de se lancer dans des politiques de joint-venture et de partenariats avec des sociétés américaines, australiennes, belges, canadiennes,  sud-africaines etc..  Aujourd’hui, tous les analystes sont d’avis que la plupart de ces contrats miniers ont été signés au détriment de l’Etat et de la population congolaise. C’est ainsi que Robert Crem, ancien PDG de la Gécamines (1979-1984) affirmait ce qui suit dans le quotidien économique bruxellois L’Echo du 28 juin 2006 : « J’ai été bouleversé en apprenant que le gouvernement congolais avait en juillet 2005 procédé au démantèlement accéléré de l’entreprise publique Gécamines. Il a octroyé des polygones miniers au mépris des critères de compétence technique et de capacité financière, au profit d’opérateurs non qualifiés et d’aventuriers aux méthodes douteuses… » Il recommande la révision du code minier qui contient certaines aberrations. Selon lui, il faut de toute urgence nettoyer les contrats et les concessions minières en cours. C’est à ce prix qu’il sera possible de redresser la Gécamines et de permettre à la population congolaise de bénéficier des richesses minières.

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