Election du Porte-parole de l'Opposition : François Mwamba confond promptitude et précipitation... Mwamba veut-il pièger Bemba ?

Bemba, seul au monde...

Personne ne semble affecté par son absence, ce qui peut laisser une drôle d'impression sur cette situation qui arrange tout le monde au sein même de son parti politique MLC.

L’opposition veut à tout prix jouer le rôle qui lui est dévolu par la Constitution de servir de contrepoids au pouvoir. Et pour donner forme à cette opposition, la loi prévoit un Porte-parole. Dans une première mouture de la Loi portant statut de l’Opposition politique en RDC, on avait parlé de Coordonnateur. La désignation de ce dernier fait aujourd’hui l’objet de tractation politique au sein de l’opposition parlementaire qui a fait ses preuves jusque-là. Seulement, des craintes subsistent quant aux manipulations qui peuvent intervenir de la part de ceux qui veulent transformer ce rôle par celui d’un pétard mouillé, inefficace, maniable et corvéable à merci par le pouvoir.

L’Opposition, le Mouvement de libération du Congo (MLC) avec sa centaine de députés à l’Assemblée nationale en tête, multiplie des rencontres entre ses groupes parlementaires en vue de baliser la voie à l’élection de son Porte-parole. Depuis un mois, avec le groupe des Chrétiens démocrates de Gilbert Kiakwama Kia Kiziki et l’ODR (où planent des incompréhensions entre Lisanga Bonganga et Bofassa Djema à telle enseigne qu’avec 13 députés au lieu de 25, le groupe ne peut plus se prévaloir groupe parlementaire), l’opposition a tracé une certaine ébauche du règlement d’ordre intérieur après près d’un mois de travail.

Le MLC, avec sa majorité dans ce groupe voudrait tirer les conséquences des élections passées, notamment celle du Gouverneur à Kinshasa et au Bas-Congo. C’est dans ce sens que les observateurs justifient les bousculades orchestrées par le parti de Jean-Pierre Bemba sur l’organisation et le calendrier de ce vote. Pour se donner encore plus d’argument, le secrétaire général du MLC, François Mwamba a proposé d’associer le RCD d’Azarias Ruberwa et le RFD de Lunda Bululu dans le but de d’anticiper l’élection du Porte-parole de l’Opposition.

Les Chrétiens démocrates pour des textes

Un premier couac apparaît dans l’opposition au sujet de la procédure du vote. Le MLC qui évite une énième surprise désagréable propose le vote à main levée tandis que les Chrétiens démocrates veulent s’en tenir à l’esprit des textes qui consacre le vote au bulletin secret. Le MLC préconise en outre précéder l’édiction du règlement d’ordre intérieur de l’élection du Porte-parole, privilégiant avant tout le choix des animateurs à la définition des principes.

Ce qui n’est pas de l’avis des principaux partenaires, notamment les Chrétiens démocratiques qui pensent qu’il serait logique de mettre en place des textes qui baliseraient la voie à une bonne gouvernance au sein de l’Opposition. C’est une question de principe auquel tient le groupe des Chrétiens démocrates. Selon certaines sources, le RCD adhérerait également à cette option.

Le débat porterait également sur, outre le règlement d’ordre intérieur, la possibilité de rotation durant le mandat du porte parole, la désignation des 4 Porte-parole adjoints, la représentation dans les provinces.

François Mwamba relance le forcing

Alors que les parlementaires s’apprêtaient à aller en vacances et que l’actualité à l’Est focalisait l’attention nationale, le Secrétaire général du MLC a convoqué une première réunion samedi 12 janvier, empêchant par le fait les élus de l’Equateur à se retrouver à Mbandaka pour une importante rencontre concernant leur province. Il a récidivé lundi 14 janvier, cette fois avec l’ODR pour proposer un autre règlement d’ordre intérieur. Dans ce dernier, Mwamba propose 5 Porte-parole au lieu de 4. La première mouture a privilégié les 4 langues nationales comme base tandis que dans sa proposition, François Mwamba se baserait sur des considérations politiques, notamment le nombre des tendances au sein de l’Opposition.

Toute cette hyperactivité de François Mwamba fait dire à ses détracteurs qu’il serait en train de piéger Jean-Pierre Bemba, exilé au Portugal et dont la certitude de retour s’évanouit de plus en plus. Puisque le retour de Bemba n’est pas lié à sa légitimité mais à sa sécurité. Celle-ci ne lui est pas toujours assurée. Bemba l’a déclaré à maintes reprises et Mwamba le sait. Ne serait-il pas en train de jouer le jeu du pouvoir pour sortir une opposition sans force où il jouerait les premiers rôles ? Les discussions reprendront à la rentrée parlementaire au mois de mars.

Toujours rares, les vertébrés dans l’opposition 

Le statut de l’Opposition politique en RDC, dont la proposition de loi a été adoptée est considéré globalement comme participant d’un Etat de droit, en tant qu’il consacre notamment la consolidation de la démocratie dans le pays. Après les modifications qui y ont été apportées en juin 2007 par le Sénat, l’Assemblée nationale l’a adopté. Seulement, la question des animateurs continue à se poser. Les politiques congolais, dans leur démarche, visent souvent la course au pouvoir, ce qui est en réalité le sens de toutes ses tergiversations qui se déclarent aujourd’hui.

Depuis Mobutu jusqu’à Joseph Kabila, ils ne sont plus à compter ces politiciens de l’Opposition qui traversent allégrement la rue, et peut-être plusieurs fois et dans plusieurs directions. La question de l’idéologie et de conviction personnelle ne fait plus partie de la mesure de certains de ces hommes politique. C’est l’argent qui compte. Aujourd’hui, Bemba empêché de rentrer au pays, fera l’objet de trahison de tout genre. Au nom de la politique. Des amateurs et des assoiffés de pouvoir pour le pouvoir.

O.M/Le Révélateur