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LOSAKO
4 février 2008

Super Tuesday : Obama sous les projecteurs... Les Noirs croient rêver... Mais voter pour une soeur ou pour un frère ?

14_obama_lgIl y a 42 ans, ils n'avaient pas le droit de vote; aujourd'hui, un des leurs pourrait devenir président des Etats-Unis. Mais cela signifie manquer de gratitude envers les Clinton. En Alabama, comme dans le reste du pays, la communauté est profondément divisée.

ENVOYÉ SPÉCIAL À MONTGOMERY (ALABAMA)

Je n'aurais jamais imaginé voir cela de mon vivant !" "Cela", c'est la possibilité qu'un Américain de race noire devienne, le 4 novembre, le prochain président des Etats-Unis. Et celle qui répond à notre question - une Afro-américaine à peine plus âgée que Barack Obama (46 ans) - sait de quoi elle parle : elle a grandi à Montgomery et travaille non loin de Davis Theatre. De l'autre côté de la rue, le 1er décembre 1955, une femme de 42 ans, Rosa Parks, avait changé le cours de l'Histoire en refusant, dans un bus, de céder sa place à un Blanc. Le long boycott des transports publics par la communauté noire allait porter un coup fatal à la ségrégation raciale dans la capitale de l'Alabama et le reste du pays.

Les Noirs américains, qui votent à 80 pc pour les Démocrates, ont du mal à réaliser qu'un demi-siècle plus tard, et alors que les discriminations sont loin d'avoir disparu, sinon de la loi, du moins des mentalités, un des leurs pourrait entrer à la Maison-Blanche.

Réconcilier l'Amérique

Sans doute beaucoup d'entre eux, dans les couches les moins favorisées de la population américaine, ne se reconnaissent-ils guère en Barack Obama, fils d'une mère blanche du Kansas et d'un père kenyan, né à Hawaï, diplômé de Columbia et de Harvard, élu sénateur de l'Illinois. Il n'empêche que celui-ci incarne avec brio, avec éclat, l'incroyable revanche d'un peuple issu de l'esclavage. Métis, il personnifie, en outre, l'espoir de réconcilier l'Amérique avec elle-même, le souhait d'abolir les tensions entre communautés en favorisant l'émergence d'une "génération post-raciale"

"Ne pas voter pour lui, ce serait dénier à mes enfants le droit de rêver", explique sur les ondes de la NPR, la radio publique américaine, une auditrice afro-américaine. Beaucoup partagent son sentiment, mais beaucoup sont aussi d'un autre avis, pour des raisons très différentes, et parfois surprenantes.

La réticence vient d'abord de l'adversaire que Barack Obama affronte. Les Clinton jouissent d'un grand crédit dans la communauté noire et ne pas soutenir Hillary s'y apparenterait à de l'ingratitude. Aucun Président, depuis Abraham Lincoln, n'a fait plus pour les Afro-américains que Bill Clinton et c'est lui qui, sans surprise, invita Rosa Parks au Capitole à l'occasion de son discours sur l'état de l'Union en 1999. Son épouse a, elle-même, pris fait et cause pour la communauté noire depuis son élection au Sénat.

La candidature d'Hillary soulève un autre obstacle. Les électrices noires doivent choisir entre deux solidarités, entre deux révolutions : d'une femme ou d'un Noir, à la Maison-Blanche, à qui faut-il donner la priorité ?

A cet égard, le Parti démocrate a frappé un grand coup en termes de modernité. Alors que les Républicains ne comptent toujours que sur des candidats traditionnels, chez les Démocrates, par contre, c'est l'homme blanc - John Edwards - qui a été éliminé. L'audace ne simplifie pourtant pas le choix des femmes noires : doivent-elles voter pour une soeur ou pour un frère ?

A ces considérations logiques s'en ajoutent d'autres, plus irrationnelles. De nombreux Afro-américains sont hantés par le syndrome Martin Luther King. Ils redoutent que Barack Obama soit assassiné et, pour lui épargner ce destin, ils disent préférer voter pour Hillary Clinton.

La crainte d'un échec

Sans aller jusque-là, beaucoup craignent que la présidence de M. Obama déçoive les immenses espoirs qu'elle aura suscités, et condamne pour longtemps toute nouvelle tentative d'un candidat noir. Ils préfèrent dès lors ne pas prendre le risque aujourd'hui et s'en remettre à l'alternative qu'offre une Hillary Clinton plus expérimentée.

Ces doutes, ces divisions se traduisent au plus haut niveau. Le Black Caucus, qui rassemble les élus noirs du Congrès à Washington, est coupé en deux. L'emblématique leader noir Jesse Jackson soutient Barack Obama, mais sa femme fait campagne pour Hillary Clinton. Et combien d'autres familles noires vivent pareil déchirement.

En Alabama, les deux principales organisations représentatives de la communauté noire ont des allégeances contraires : la plus ancienne, l'Alabama Democratic Conference, s'est rangée derrière Mme Clinton, tandis que la plus jeune, la New South Coalition, s'est prononcée pour M. Obama. Les sondages en Alabama, comme dans d'autres Etats du Sud depuis la victoire triomphale de Barack Obama en Caroline du Sud, le 26 janvier, donnent un net avantage au sénateur de l'Illinois.

Mais quelle que soit l'issue du "Super-Mardi", le 5 février, on se souviendra d'une chose à Montgomery : quarante-deux ans plus tôt, les Noirs n'avaient pas même le droit de vote.

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